Magazine Journal intime

3. (B) Le jour où mon coeur s'est brisé, ouvrant une brèche à la maladie (facteur émotionnel)...

Publié le 25 août 2009 par Handiady
3. (B) Le jour où mon coeur s'est brisé, ouvrant une brèche à la maladie (facteur émotionnel)... 3. (B) Où en étions-nous? (suis un peu beaucoup déphasée, je vis dans l'instant et le plus intensément possible en ce moment... Ce qui est bien, voire très bien,  mais prenant! )
Oui, le concours...
L'année de stage, chargée avec mon plein-temps et ma journée de formation. On me demande d'enseigner la mention régionale, une option en allemand en Alsace, réservée aux élèves excellents ou bilingues. Il s'agit de leur faire s'approprier leur formation professionnelle mais en allemand. (lexique spécialisé de l'entreprise et du métier en question...) Je me forme moi-même car il n'existe pas de stage pour prof dans ce domaine. J'ai des tertiaires (secrétariat/ compta, lorsque je serai sur mon poste de titulaire, j'aurai des classes de garçons et me spécialiserai en mécanique auto, usinage, électrotechnique, puis en batellerie, méca poids lourds, logistique etc... Passionnant. Jamais regretté le choix du professionnel, on touche à la vraie vie. Et on ne s'ennuie pas. Bon, c'est un boulot énorme de préparation, sans manuel, beaucoup de lecture de livres , dicos et mags spécialisés venus d'Allemagne, contact courrier, mail et tél avec les entreprises allemandes et françaises pour avoir des docs actuels,  passage aux ateliers pour me faire expliquer des trucs par le collègue de professionnel etc...) et me fais plaisir en leur concoctant de supports de cours inédits illustrés de gifs. Le courant passe à merveille et l'année aussi. Je garde un souvenir cocasse: les mercredis, on était à l'IUFM, en formation et l'Inspectrice était présente quasi en permanence. (la guigne! Le pot de colle!) Elle mangeait avec nous le midi... A midi moins le quart, prétextant une vague réservation de table nécessaire, on était un petit groupe, toujours le même, à déguerpir en courant comme des dératés, sautant dans les voitures des collègues pour arriver les premiers à la pizzeria du coin: ben oui, fallait pouvoir choisir sa place, sinon on risquait de se trouver coincé entre l'Inspec et le collègue formateur, à être obligé de causer taf et à se faire "iech " comme auraient dit mes pingouins!
A l'époque, rondeurs un peu diminuées, je filais vite pour faire partie de la tablée des "rigolos". "Les autres" nous jetaient des regards noirs quand on éclatait de rire... Pas faïote moi!
Au bout de quelques mois (!!!), l'Inspec finira par s'adresser à nous, me lorgnant.: "Je sais pourquoi vous courez tous les midis! J'ai compris!" (sans blague mdr!)

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Dans le groupe des "faïots", un collègue, P. (1 an de moins que moi) sans expérience pédagogique, issu d'un couple franco-allemand comme moi. Il me faisait pitié au début, toujours à se moucher, fragile et allergique, le type même de l'intello un peu coincé. Il "changera de bord" de table et s'installera à côté de moi, me draguant plus ou moins ouvertement. Moi, à l'aise dans ma peau et mon métier, je le taquinais férocement: "Tu t'assieds où, P....? " Lueur de contentement dans ses yeux, sourire, il désigne la place, avance une chaise pour moi. "...que je me mette ailleurs!" Nan nan, pas méchante, il adorait ça ce maso! Pouffait. On amusait la galerie avec notre cirque, on se parlait en allemand très littéraire pour rire.
On s'est vannés pendant près de 2 ans, on a eu un échange épistolaire très littéraire aussi, en allemand, très intello parfois, mesurant nos talents dans la langue de Goethe (il écrivait des poèmes et nouvelles, eh oui, encore un auteur! Je les atire, je vous dis!), avant de décider d'une sortie commune, toujours boulot-boulot (musée de l'automobile de Mulhouse pfff! J'ai adoré mais mon esprit, comme le sien, était ailleurs, à essayer de calmer les papillons qui chatouillaient le ventre...)
On est restés très sages, ce qu'il m'a aussitôt reproché dans la lettre suivante. Puis, ça a été le téléphone, souvent, longuement...
Et puis on a craqué... Woaw! Quand 2 bouches s'harmnisent au point qu'on n'a plus envie de décoller ses lèvres, qu'elles sont douloureuses à force de baisers, et que les corps suivent la même route... C'est tout bon! Compatibilité absolue! Bonne pioche.
Mais... (parce que dans ma vie, quand tout va bien, il y a toujours un "mais" qui vient tout gâcher!) Il habite dans la maison familiale, à quelques dizaines de km au Nord de Strasbourg, dans un bled paumé, et il est une sorte de "Mamasöhnchen", de fils à sa manman...
Dès le premier regard, quand je suis arrivée, émue, avec un gâteau et un bouquet de fleurs, pomponnée et radieuse, elle m'a tuée du regard, laissant même tomber le bouquet avec un "pardon!" glacial! Je rendais son fils heureux, mais comme elle était le prototype de la mère castratrice... J'étais forcément une "gourgandine".

Pas été cap de trancher le cordon, lui. Sur les 4 années qu'a duré notre histoire, d'abord fusionnelle, radieuse, projets de mariage et de bébé, il a tout fait pour me convaincre de m'installer dans la maison, or sa famille vivait en repli affectif, sorte d'autarcie relationnelle, insupportable pour la nana libre, indépendante mais sociable que j'étais. Des principes essentiels pour moi ou mes futurs enfants, totalement absents voire bafoués dans ce milieu... (Ses parents l'humiliaient souvent, le raillant sur ses compétences de prof, pourtant il était TOUT pour sa mère)
J'ai dit "oui, mais pas de suite. IL faut trouver un appart ou une maison pas loin..."
Ce qui a irrité sa mère, déjà très froide de caractère et qui refusait qu'on dorme ensemble sous son toit (bah, on se rattrapait chez moi!) et me faisait roupiller dans la chambre et le lit d'ado d'une de ses soeurs!
J'ai investi tout mon être, tout mon coeur, mon âme, mon corps dans cette relation... Depuis qu'on sortait ensemble, son allergie et son asthme s'étaient fait la malle! Tiens tiens! Alors quand j'ai senti le piège et retardé l'échéance, la "reine-mère" a décidé que la relation n'avait pas de sens et devait cesser!
Et comme je n'avais pas le coeur de lui fixer un ultimatum, ni de le faire choisir entre elle et moi... Notre relation s'est effritée, elle lui collait des corvées stupides, réparations dans la maison, corvée de bois etc... Inutiles et non urgentes, pour qu'il annule ses week ends chez moi, et comme il n'avait pas appris à lui dire "non" (ou mieux: "merdum"!)...
Quant à moi, malheureuse mais ne me laissant pas tomber, j'irai faire un régime à 3 EPIS, je me mettrai au retour au sport et à la natation intensive, musclant ainsi mon dos qui était devenu lombalgique (j'en avais plein le dos de la situation en fait!), je mincirai beaucoup et recommencerai à voir des amis. Avec P., on sera encore amants quelques temps, et je m'en contenterai.
 Finalement, on est en 1998, la France est championne du monde de foot (mais on regardera les matches chacun de son côté hélas...) Après la finale, je l'appellerai... Voix de sa mère au fond... Il m'expliquera au'il m'aime mais que comme je ne veux pas me marier de suite et emménager chez eux (je lui avais proposé qu'on cherche un logement pas loin de chez ses parents!), il vaut peut-être mieux se séparer...
J'ai le souffle et les jambes coupés... Je bredouille, veux comprendre, analyser la situation, proposer qu'on continue de se voir quand même... Sa mère attrape le combiné (de sa ligne privée à lui dans sa chambre!) et me hurle une salve d'horreurs genre: "Fiche-lui la paix, il ne t'a jamais promis le mariage! (faux! Idiot, "promis": il m'a demandée!) Tu lui fais perdre son temps (il avait 32 ans, moi 33, y avait pas le feu...)... et des choses intimes méchantes dont le souvenir me déchire encore aujourd'hui et que je n'écrirai pas...

Là, je me suis décomposée de douleur et d'horreur, je ne répondais même pas... Elle m'a interdit de le rappeler (je rêve!) et m'a raccroché au nez brutalement.

Moi, j'avais la main sur le coeur, une douleur fulgurante venait de me transpercer. (fille de papa cardiaque, j'ai eu le temps de me dire: "Elle m'a brisé le coeur! Cette méchante femme m'a brisée..." puis: "Nan, pas le coeur: Pas d'infarctus. Pitié!")

Ce n'était pas un infarctus mais une embolie pulmonaire... Qui a marqué le début de ma longue épopée médicale car je n'ai plus récupéré de la fatigue écrasante apparue ce jour de rupture...

***Emotions à l'écriture: sans doute le récit le plus difficile... P. était le grand amour de ma vie, même s'il y a eu quelqu'un après... Je ne m'en suis toujours pas remise, je m'en aperçois car j'ai du mal à taper les mots au travers du rideau de larmes... J'ai d'ailleurs cru ne jamais m'en remettre... J'étais prête à me fiche en l'air, anantie. L'hospitalisation m'en empêchera, heureusement! L'embolie salvatrice, le comble!
Le prochain récit donnera les autres éléments, médicaux, qui ont sans doute ouvert d'autres brèches fatales... Cette année-là, décidément, j'avais tout faux! La poisse!



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