Magazine Journal intime

La rencontre

Publié le 09 octobre 2007 par Mirabelle
Mon cher Victor,

La rencontre
Comme l'a souligné Céline en commentaire à cet article, je n'ai pas encore évoqué (tu m'en vois fort surpris !) l'arrivée de Nougatine. Elle est arrivée dimanche dernier, si je ne me trompe ! Tu ne te trompes pas. La rencontre a bien eu lieu dimanche. C'est à dire il y a deux jours.
C'était à 21 h. J'avais passé ma journée à piaffer d'impatience, entre deux fiches de prep'. J'avais passé ma journée à l'attendre. Aucune heure ne t'avait été donnée pour l'accueillir ? Aucune. Je n'avais qu'un ordre d'idée : fin de journée, voire soirée. Bon, bon... Les minutes ont dû te paraître bien longues ! Oh que oui... Et pas que pour moi ! Ta famille l'attendait aussi de pied ferme ? Euh... C'est surtout que j'ai enquiquiné tout le monde avec elle jusqu'à 21 heures !
Bref. A 21 h, donc, la sonnette retentit. La collègue de ma mère apparaît, avec une boîte de transport. A travers la petite grille, j'entrevois deux petits yeux verts, deux petites oreilles craintives, et une belle ligne blanche qui descend du front jusqu'au menton, avec une douce touche de roux sur le côté droit. C'est Nougatine ! Oh, Victor... Comme tu es perspicace ! Tu es en forme, aujourd'hui ! Bientôt, la petite grille est ouverte. Une minuscule boule de poils se met à trottiner dans tous les coins de la maison, furetant, reniflant. Une boule de poils bien plus minuscule que ne laissaient présager les photos. C'est une petite chatte toute fine. La même ligne que sa mère. Pas du tout timide au premier abord. Comme quoi un chat ne fait pas l'autre... Alors que le dernier chat de la famille, âgé de deux mois lui aussi, avait directement été se réfugier sous le buffet, Nougatine, elle, a exploré toutes les parties de la maison, d'un pas alerte, les moustaches frémissantes de curiosité.
Le soir même, elle a dormi dans mon lit, ronronnant comme un moteur, s'étalant de tout son long, se collant contre moi. Telle que je te connais, tu devais être ravie ! Oui, bien sûr ! Quoi que cela ne me laissait pas beaucoup de place... Alors elle s'intègre bien ? Eh bien... Le lendemain, elle a été assez craintive. Tout comme aujourd'hui, d'ailleurs. A sursauter au moindre bruit. Mais à côté de cela, c'est une petite bête très câline, qui aime s'installer sur mes genoux et y rester pour faire une petite sieste. Et toi, tu ne dis pas non, bien sûr ! Non. Je ne demande que ça... Je ne vois pas pourquoi je refuserais ! Et... Niveau bêtises ? Elle aime beaucoup se suspendre à la nappe de la table du salon, faire ses griffes sur ma couette, sur ma moquette et sur les tapis. Aïe... Aucune faveur pour les rideaux ? Jusqu'ici, non ! Eh bien, eh bien... Elle m'a l'air d'une sacrée friponne ! Je sévis dès qu'elle sort les griffes pendant le jeu où quand elle prend les meubles pour sa lime à griffes personnelle. Tu as bien raison ! Cependant, ma famille, qui est complètement gaga, lui passe certains de ses caprices... Il faut t'imposer, Mirabelle ! C'est ton chat ! Et puis surtout, argument de poids, ce sera ta nappe et tes tapis qu'elle réduira en charpie quand vous vivrez dans ton appartement ! Ca en est où, d'ailleurs, cette affaire d'appartement ? Ce n'est pas le sujet d'aujourd'hui, Victor !! Pfff... Mais cela le sera bientôt !
Bref. Comme tu le sais, je suis, pendant quinze jours, en formation à l'IUFM. Tous les soirs, je passe le seuil de la maison en retrouvant cette petite merveille, ses yeux brillants, ses bottes de velours, avec le même plaisir, la même joie de gamine. Elle est encore un peu farouche et se réfugie régulièrement sous la table, mais quand l'envie lui vient, elle me gratifie de câlins inoubliables, calée entre mes jambes, avec un soupir de bien-être. Alors je la caresse. Je l'admire. Mes doigts glissent tout doucement sur son poil encore jeune, ce poil qui sent si bon. Alors j'oublie tout. Il me semble ne faire qu'un avec cette petite chatte, il me semble que ma vie est plus belle depuis qu'elle y est entrée. Pfff... Que tu es guimauve ! Je savais, en disant cela, que je m'exposais à ce genre de jugement. Je m'en fiche. Parce que je me réveille tous les matins émerveillée par sa démarche féline, émerveillée par son oeil brillant au son du frigo qui s'ouvre, émerveillée par sa vivacité, alors qu'elle poursuit sa petite souris. Petite souris qui, d'ailleurs, n'a déjà plus de queue ! Ce qui prouve une traque acharnée !

A l'heure où je viens bavarder avec toi, Victor, Nougatine est blottie au creux de mon lit et dort à poings fermés. Et moi... Moi, je suis tout simplement bien.

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