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Quartier libre (2)

Publié le 26 août 2009 par Didier54 @Partages
Quartier libre (2)Ce devait être un diabolo grenadine. Ou un raz d'eau, cette boisson qui met une rondelle de citron dans un verre de limonade. Nous étions assis à la terrasse de ce café, quelque part dans le Jura. Ou en Meuse. Ou dans le Massif central. Nous étions trois ou quatre. Les rois du monde.
Le fameux jour était arrivé. Nous étions en "camp", comprenez en colonie de vacance version pré-adolescence. Entre 12 et 16 ans, quoi. C'était un temps où les normes de toutes sortes permettaient de vivre avec peu, sous tente, dans des endroits reculés. Ce "camp" était riche de l'argent qu'il n'avait pas dans les caisses. Peu de moyens. Les activités consistaient à aménager le campement et à randonner. Nous faisions les courses, les repas, la vaisselle, nous jouions au ballon et faisions des jeux de piste dans des forêts.
Ce jour-là avait une saveur que les autres jours n'avaient pas. C'était le jour du quartier libre. C'était comme la récompense.
Les monos nous lâchaient non dans la nature mais dans une ville, ou plutôt un gros village.
Nous avions chacun une petite somme d'argent pour le repas, quelques uns avait aussi leur argent de poche. Et nous devions nous auto-gérer, avec comme seul impératif une heure et un lieu de rendez-vous. Pour le retour.
C'était la journée quartier libre, nous étions jeunes et frêles d'épaules, et c'était on the road again. Souvent, on ne savait pas quoi faire de nos dix doigts, ce jour-là. On comptait et comptait encore nos sous, comme on tire des plans sur la comète. Chacun avait sa méthode. Certains branlaient rien, d'autres en profitaient pour faire le plein de cadeaux à rapporter et écrivaient leurs cartes postales. D'autres picolaient au troquet, osaient la bière. Certains achetaient n'importe quoi, des conneries de préférence. Quelques uns ne lâchaient pas des yeux le point de ralliement et passaient une drôle de journée.
C'était un joli quartier.
PS : spéciale dédicace à ses quatre ou cinq jeunes "lâchés" croisés un soir d'août 2009 dans un camping surpeuplé. Les gars, vous m'avez empêché de bien dormir, vous étiez bruyants, mais vous m'avez bien fait rire avec vos conneries, c'était franchement drôle. Vous ne le savez pas, mais en vous croisant, en comprenant qu'on allait en prendre pour la nuit - de fait, vous vous êtes "couchés" vers 4 h du matin - je m'étais fait la promesse de me souvenir que j'avais eu votre âge et que j'aurais adoré ce que vous viviez.

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