Magazine Humeur

Journaux de vacances

Publié le 26 août 2009 par Maldoror

Cette année, j'ai décidé de m'assumer totalement. Dé-com-ple-xé. J'ai passé mes vacances à ne rien faire, sauf picoler et manger gras. Il a fait un temps globalement merdique, mais en partant dans le nord, je le savais d'avance. J'avais décidé de positiver, et c'est ce que j'ai fait.
Du coup, entre deux whiskys, j'ai pris le temps de lire un peu le journal. On peut être un alcoolique mondain et se tenir informé des évènements qui affectent nos contitoyens, non ? Si.
Les différents évènements, politiques ou simples faits divers, m'ont inspiré divers sentiments, diverses émotions.
DEGOÛT
Les nouvelles ont rivalisé de malice, comme celle-ci, pêchée dans Ouest France du 2 aout 2009 : Six chrétiens ont été brûlés vifs au Pakistan, quatre femmes, un homme et un enfant. Brûlés vifs. Par des musulmans en colère, qui les accusaient d'avoir profané le Coran.
Il me semble intéressant de reproduire ici le dessin de couverture de Charlie Hebdo, paru au moment du "scandale" des caricatures de Mahomet :
cons
AFFLICTION
En page 4 de ce même numéro, Bertrand Rothé, auteur du roman "Lebrac, trois mois de prison", fait une analyse très juste de la banalisation de la prison pour les jeunes, notamment. Je le cite, ce sera plus simple : "Si un juge intervient pour un vol de vélo ou une bagarre dans la cour de récré, que reste-t-il au dessus ? La prison doit rester l'ultime niveau dont les jeunes ont peur. Sa banalisation n'est pas bonne. Les juges, que j'ai rencontrés, voient de plus en plus d'enfants qui ne devraient pas être là".
Une civilisation qui met ses enfants en prison parce qu'ils font les mêmes bêtises que leurs ainés avant eux, mérite de disparaître, sous les coups répétés de ces mêmes enfants désabusés. La politique du tout répressif conduit mécaniquement à l'augmentation du niveau de dangerosité des délinquants. Quand on risque la prison pour un vol de vélo, on n'a rien à perdre...
DEMISSION
Ce n'est pas un sentiment, c'est un constat. Dans La Presse de la Manche (oui, vous comprenez pourquoi j'ai eu un temps merdique) du 9 aout 2009, un édito assez clairvoyant de Jean Levallois, intitulé "Colère et mépris". Cet édito traite de la parodie de procès faite à Clotilde Reiss. L'édito se conclut par ce paragraphe : "Le XXème siècle nous a appris qu'on avait eu grand tort de négocier avec les dictateurs. Il ne faut pas laisser, aujourd'hui, s'épanouir les nazillons, fussent-ils à barbe."
La négociation, la collaboration, la démission, tous ceux qui, tous les jours, affirment haut et fort qu'ils sont prêts à sacrifier un peu de liberté contre un peu de sécurité, connaissent bien ces sentiments, et s'en accomodent parfaitement. Que ce soit dans les entreprises ou au gouvernement, il se trouve toujours un petit dictateur en herbe pour tenter de durcir et verrouiller le régime de son pays, ou les règles de fonctionnement de son service, à son propre profit. Négociation. Et ils se trouvent toujours de petits cheffaillons pour le soutenir, en espérant en tirer quelques piètres dividendes, un petit pouvoir. Collaboration. Et malheureusement, ils se trouvent toujours des employés ou des citoyens pour accepter avec fatalisme ce dictat qui ne dit pas son nom, en courbant l'échine, et en espérant que le prochain coup ne tombera pas sur eux. Les victimes sont aussi coupables que leurs bourreaux, dés lors qu'elles ne se révoltent pas. Démission.
Le livre de Franck Pavloff, Matin Brun, devrait être obligatoire au programme scolaire de la 6ème.
Et pour ceux qui auraient vraiment la flemme de lire cette très courte nouvelle, voici le petit poème du pasteur Allemand Martin Niemöller :
"Quand ils sont venus chercher les communistes,
Je n’ai rien dit,
Je n’étais pas communiste.
Quand ils sont venus chercher les syndicalistes,
Je n’ai rien dit,
Je n’étais pas syndicaliste.
Quand ils sont venus chercher les juifs,
Je n’ai pas protesté,
Je n’étais pas juif.
Quand ils sont venus chercher les catholiques,
Je n’ai pas protesté,
Je n’étais pas catholique.
Puis ils sont venus me chercher
Et il ne restait personne pour protester."

A ce sujet, en page 16 de ce même journal, on apprend dans la rubrique "Savoir vite" que l'Italie a durcit sa loi pour rendre plus efficace la lutte contre la criminalité et l'immigration clandestine. Ces délits sont désormais passibles 5 à 10000 euros d'amende. Le séjour des immigrés clandestins dans les centres d'identification et d'exulsion passe de 2 à 6 mois. Les sans-abris seront fichés  par le ministère de l'intérieur, et des rondes de citoyens seront instaurées. Des milices, ça s'appelle.
L'Italie, en ce moment, ça sent très mauvais. Démission des italiens. Ce n'est pas la première fois pour eux, pour nous non plus d'ailleurs. Les milices, ça vous rappelle quelque chose ? A quand les tontes publiques de sdf soupçonnés d'avoir volé dans les supermarchés ? Ne rigolez pas, la bête immonde revient, tranquillement. Elle est dé-com-ple-xée.
INJUSTICE
Un homme noir, condamné à vie pour le viol d'une femme et disculpé par des analyses ADN, a été libéré vendredi par un juge du Texas après avoir passé vingt-trois ans en prison. Je suis curieux de savoir combien cet homme va toucher d'indemnités de la part de l'Etat du Texas, tiens.
REPRESSION
En page 17 de ce même numéro (La Presse de la Manche du 9 aout 2009), toujours dans la rubrique "Savoir vite", on apprend que le père du petit Yanis n'a pas été libéré pour assister à l'enterrement de son fils, tué cet été dans un accident de Jet Ski.
Voilà un homme qui vient de perdre un fils, et à qui l'on refuse la liberté, même provisoire, pour l'enterrer. Dîtes, je croyais que la prison était faite pour enfermer les individus dangereux pour la société, et je croyais que la privation de liberté était le dernier maillon d'une longue chaîne judiciaire ? Je n'avais pas compris, mais c'est sûrement de ma faute, que la privation de liberté était le PREMIER maillon de la chaîne judiciaire française. Je vais vous expliquer comment ça va se passer pour vous, demain, dans un mois, dans un an : à un instant I (et non pas T, s'il vous plait), vous avez un accident de voiture, par exemple, impliquant la mort d'un individu du genre humain. A un instant I+1, on vous met en GAV (garde à vue, autant vous familiariser avec cet acronyme, vous n'en avez pas terminé avec), puis en prison. A un instant I+2, vous choisissez votre avocat et préparez votre défense. A un instant I+3 (six mois après, minimum), on vous juge pour décider si on va vous maintenir en prison ou pas. Si vous êtes innocent, le procureur, magnanime, requierera six mois de prison. Histoire de ne pas avoir à vous dédommager de votre incarcération arbitraire. Ca va sûrement vous faire marrer, hein ? Ne vous inquiétez pas, votre tour viendra, pour une parole écrite sur un forum (ou sur un blog), pour un téléphone au volant, pour un énervement contre un policier qui vous aura mal parlé, pour avoir aidé un immigré clandestin, pour avoir téléchargé illégalement de la musique sur internet,  ou comme ici, pour un simple accident, vous irez en prison. Vous, ou vos enfants. Mais puisque personne ne dit rien, pourquoi voulez-vous qu'ils s'arrêtent ?
Sérieusement, je pose la question : quel danger représente cet homme pour la société ? Pour moi ? Pour vous ? Que fait-il en prison ? Ne cherchez pas, il n'a rien à y faire, ce n'est que le père d'un enfant victime d'un accident mortel. Mais personne ne dit rien. Démission collective, des citoyens, des médias, des politiques de tous bords (opposition et majorité).
"Lorsqu'ils sont venus chercher le père du petit Yanis, je n'ai rien dit :
il l'avait bien cherché...
"
INTERLUDE
En page 7 de La Presse de la Manche du 10 aout 2009, j'apprend avec stupéfaction dans la rubrique "Faits divers" qu'une vache a été attrapée par les gendarmes dans les rues de Cherbourg. Connaissant bien Cherbourg, je me demande bien ce que ce bovidé venait faire au milieu de la ville, mais en tous cas, je trouve cette nouvelle très rafraichissante. Hop, un deuxième glaçon dans mon whisky.
DESTRUCTION MASSIVE
En page 8 de la Presse de la Manche du 15 aout 2009, nous sommes informés de la fermeture du SMUR de Valognes (50, Manche) pour cause de manque de médecins.
Voilà qui ne risque pas d'arriver au Val de Grâce, puisque les médecins y sont fonctionnaires de l'Etat. On comprend mieux pourquoi Nicolas Sarkozy, qui n'a pas eu de mots assez durs envers les fonctionnaires privilégiés, va s'y faire soigner. Il est sûr d'avoir du personnel à sa disposition. Je me demande s'il a bien pris la mesure des ravages que fait la réforme de l'hôpital, poursuivie à son initiative, sur la disponibilité des médecins pour le petit peuple. La populace, qui a raté sa vie, faute d'avoir une Rollex et de prendre ses vacances dans les résidences privées des chefs d'Etats étrangers.
EDUCATION
En page 20 du même journal, je note que l'Afghanistan n'en finit pas de renouer avec la civilisation, depuis l'intervention des Etats-Unis et de leurs toutous, dont la France. En effet, l'Afghanistan a adopté une loi "légalisant la discrimination" à l'encontre des femmes de la minorité chiite. Cette loi dispose notamment que ces femmes pourront être privées de nourriture si elles refusent les relations sexuelles. Je connais pas mal de mal baisés qui vont saliver sur cette loi discriminatoire et sexiste. Heureusement, je connais aussi nombre de gens qui pensent, comme moi, que, vraiment, ça valait le coup d'aller se faire massacrer là-bas, pour en arriver là. Quand est-ce qu'on rentre ?
TRAGEDIENTE
J'ai suivi comme tout le monde les épisodes lamentables de cette parodie de justice en Iran. Que dire ? J'admire les iraniens, et je méprise leurs dirigeants. Clotilde Reiss est prise dans un engrenage infernal, un imbroglio géopolitico-judiciaire qui la dépasse évidemment.
Elle sortira de prison, je l'espère, dans quelques jours, mois. Les dirigeants iraniens, qui ne méritent pas l'effort que je devrais fournir à chercher l'orthographe exacte de leurs noms respectifs, ne sortiront pas grandis, eux, de cette parodie d'élection et de justice. Jusque là, l'Iran faisait peur. Maintenant, il fait pitié.
DECREPITUDE
En parcourant Marianne, une article très intéressant de Clara Dupont-Monod sur Carla Bruni. Elle y dresse un portrait plutôt réaliste de la première Dame de France, qui, avant d'occuper cette ennuyeuse fonction, était un peu l'étendard de la libéralisation féminine, la femme libre d'action et de pensée, celle qui aurait pu reprendre à son compte, et sans rougir, la fameuse phrase d'Arletty, qui avait affirmé que "son coeur était français, mais son cul était international", bref, la femme belle et intelligente qui énerve les autres femmes et effraye les hommes. La Mante pas religieuse, mais pour autant dangereuse pour le coeur, celle qui avait réussi sa reconversion, au point que même moi, j'avais acheté son premier album, après avoir admiré ses formes durant sa carrière de mannequin, et sa liberté de ton, lors des quelques interviews que j'avais pu entendre de cette sulfureuse femme rebelle. Cette femme qui refusait le mariage, qui affirmait qu'un mari, ça ne se vole pas, ça se garde. Cette femme qui, aujourd'hui, se complaît dans les dorures de la République, fait la belle dans les soirées mondaines organisées par l'Elysée, et se soumet en talons plats aux ordres d'un Nicolas Sarkozy triomphant de sa conquête. Il peut triompher, l'animal : il a dompté une très belle insoumise.
Reste qu'en contemplant aujourd'hui Carla Bruni, et en observant son comportement et ses propos, on ne peut que méditer sur le refrain de Brel : "Mourir, cela n'est rien. Mourir, la belle affaire. Mais vieillir..."
Ainsi que sur le slogan de mai 68 : "vivre vite, mourir jeune". Mai 68, qu'avait combattu Nicolas Sarkozy, celui-là même qui dompta la rebelle, pour en faire la première dame de France, certe non démunie de formes, mais pour autant sans relief, que nous connaissons aujourd'hui.
Une bonne nouvelle cependant, en cet été passablement pourri : le petit Gauthier, qui s'était perdu et qui a été retrouvé sain et sauf. On n'est pas fanny, mais de justesse...


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