Magazine Journal intime

Menu du jour : page 5 servie sur lit d'argent

Publié le 26 août 2009 par Jess_kelig
Tout est dans le titre (cherchez pas le lit, bien évidemment il n'y en a pas ;-) )


Un jour, je sortis sans la prévenir de mon itinéraire. Je me rendis dans un bureau d’aide à l’emploi, décidée, une bonne fois pour toute, à prendre les choses en mains. J'avais laissé filer assez de temps comme cela. Il fallait que les choses bougent. Et vite. Je regardais les annonces, rien ne semblait me correspondre. Je n'avais qu’un maigre diplôme en poche et des illusions. Je finis par dégoter un petit emploi saisonnier. Ma mission ? Distribuer des prospectus dans la rue vantant les mérites de la nouvelle boucherie qui venait d'ouvrir. Je gagnais une misère mais je me sentais libre. J'avais mon propre argent. Je continuais mes sorties à la recherche d'un meilleur emploi sans qu'elle ne se douta de rien. Je lui avais dis que j'avais trouvé un mec qui habitait à l'autre bout de la ville et que je passais mon temps à traîner avec lui. Elle me cru. Je me couchais de plus en plus tôt le soir ce qui l’intrigua. Je restais évasive mais je voyais bien qu'elle soupçonnait quelque chose. Je ne buvais plus. Je ne trainais plus dehors la nuit. J'avais beaucoup de mal à supporter les fêtes interminables qui se déroulaient chaque soir. L'ambiance se dégrada. Les disputes entre nous devinrent de plus en plus fréquentes. Elle me virait régulièrement, trouvant mon style de vie dépravé (ce qui était un comble). J’étais obligée de chercher à la tombée de la nuit, une chambre dans un hôtel minable (mais accessible) pour y dormir. Mon salaire déjà bas, passait presque en intégralité dans ces hébergements d'urgence, dans des quartiers généralement malfamés. Je me refusais à tomber dans la facilité et reprendre mes vieilles habitudes pour survivre.

Il arrivait parfois qu'aucune chambre ne puisse m'être louée. Je me penchais vers mon plan B qui consistait à téléphoner à des connaissances assez vagues afin qu'elles puissent m'accueillir. Il suffisait de leur rappeler où l'on s'était rencontré pour que les portes s'ouvrent facilement. Cependant, je n'étais guère enthousiaste à me servir de cette solution, sachant pertinemment que l'ambiance serait identique à celle que je m'évertuais de fuir. Les mois passaient, je vivotais tant bien que mal. Je réintégrais le domicile de mon ex-amie en cachette, et je me glissais dans la chambre que j'occupais auparavant. Je la savais trop défoncée pour se rendre compte de ma présence. Ou en trop nombreuse compagnie. 

Un soir, je découvris un mec que je n'avais encore jamais vu, assis dans la cage d'escalier, crayon et carnet en mains. Il m'accosta. Je lui demandais, acide, s'il faisait partie des nombreuses personnes qui se servaient d'elle comme réserve. Il m'expliqua qu'il avait été amené ici par des amis à lui pour la première fois.
 

« Alors que fais-tu seul maintenant ? »
 

« Je me suis isolé. J'ai besoin de me concentrer pour écrire. Je suis musicien et auteur dans un groupe de punk rock. »
 

« Ah ouais ? » lançais-je, peu convaincue. « C'est quoi ton groupe ? »
 

« Oh, on n’est pas super connu pour le moment. On commence à peine à faire quelques de scènes. »
 

Il commença à me parler de musique, de leurs influences, des concerts et de leur difficulté à se mettre d'accord pour leur premier album. Je restais plusieurs heures assise à ses côtés. Il était assez plaisant de l’entendre raconter aussi passionnément ces choses. Le courant passait bien, nous avions beaucoup de points communs. Il retourna à l'intérieur, je le suivis et partis m'allonger, tandis qu'il traquait la maîtresse de maison. Au fil des semaines, je le recroisais assez régulièrement. Nous continuions de passer du temps à discuter sur les marches menant à notre pallier. Finalement, on échangea nos numéros.
 

« Si jamais un jour tu as besoin, appelle. Et puis passe me voir jouer à l'occase. »
 

Je ne pensais pas que je prendrais son offre en compte aussi rapidement.


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