Nous classons, nous sommes classés. Nous sommes quotidiennement rangés dans des catégories qui nous rapprochent, nous isolent. Nous vivons dans des tiroirs étanches et très peu coulissants.
Le premier partage : l'attribution d'un sexe. Partage ou plutôt (dé)partage, comme on dit qu'il est nécessaire de départager deux équipes concurrentes et égales? Qu'a t'on cessé de partager pour qu'il soit nécessaire toujours d'organiser entre les sexes le décompte minutieux des attributions respectives? Et de la primauté?
Cette primauté des attributions, on sait historiquement vers qui des deux elle s'organise, quand il s'agit, mettons, de la question très vaste et vague du pouvoir. Mais il se trouve que sur l'atribution du plus grand nombre, les femmes ont dans le monde la part sinon belle du moins la plus grande. Il n'est pas certain que cela continue : du fait d'un départage massif à la naissance, manque 90 millions de femmes à l'appel en Asie.
En France, 2 453 398 femmes de plus. Alors, puisqu'elles sont plus nombreuses, on dira que cette personne qui s'écrit au rythme des statistiques est une femme. Disons que c'est la 2 453 398 ème.
C'est une femme.
C'est peu de choses de dire cela : juste quelques agencements de chair différents. C'est une réalité qui recouvre des figures tellement variées. Qui recouvre aussi des incertitudes. Qui efface la communauté de vie et de condition, malgré tout, entre homme et femme.
C'est peu de choses, et pourtant, de là découlent tellement de présupposés narratifs pour ce personnage, sur son comportement, ses vêtements, ses émolûments.
Nous verrons comment ELLE s'en débrouille.