Ce serait pas pour m'acharner, mais il faut lire mes récents billets hallucinés sur mes doubles et triples vies parallèles inventées via internet, parce qu'au-delà de la petite dépression que je suis en train de vous couver - j'aligne tous les symptômes du délire révolutionnaire mégalomane en pleine montée de pulsions paranoïaques, c'est vraiment frappant au sens propre -, il y a peut-être quelque chose à comprendre sur la façon dont est fabriquée une intoxication idéologique à partir d'un cas limite.
Ce qu'on pourrait appeler dans le jargon un archétype, bien qu'il s'agisse ici d'une espèce de fossile en voie d’extinction. Que ça se passe sur un blog déclamant sa flamme pour les escadrons virils de milices paramilitaires n'a qu'un relatif intérêt, on peut partir de l'hypothèse qu'il en va de même dans toutes les sectes collectivistes obsédées par des fantasmes vengeurs de table rase, entretenus par une propagande avide de frustrations sédimentées dans une jalousie quotidienne.
Mais d'abord, permettons-nous une phase d'observation préalable de mes déclarations ; je serais sans doute bon pour la camisole si un comité d'experts se penchait sur mon cas avec toute la curiosité qui sied à la discussion autour d'un phénomène rare accumulant les perversions. Oui, c'est gratuit et se moquer du malheur des benêts, ce n'est pas bien. On replacera simplement cette analyse dans le cadre d'une expérience contribuant aux progrès de la criminologie et des conduites addictives en état d'ivresse. Il importe de préciser que dans l'agitation mentale qui me caractérise, je ne parle que de moi-même, et que je n'en parle jamais si bien que lorsque je crois parler des autres.
Ici, en l'occurrence, un personnage fictif qui me sert de mise en abîme, trouvé au détour de mes lectures compulsives de la presse franchouillarde, qui est bien pourrie par ailleurs, mais c'est un autre débat :
"Pour éviter la tentation de passer à l'acte exhibitionniste, j'ai prévenu tout le monde de ma soudaine déconnexion, pour qu'on me soutienne dans ma tentative de sevrage. Mes amis IVL ("in Virtual Life", à savoir dans ma vie virtuelle où je me prends tantôt pour Robespierre, tantôt pour Papounet) sont tous plus ou moins accros au Web, puisque dans la vraie vie je n'ai pas d'amis et n'en aurai jamais. Je suis comme ça. La plupart de nos communications, de nos plans partouzards, de nos excitations communes et de nos indignations de groupe passent par la Toile. Pas un jour sans que je ne chatte avec l'un d'eux sur mon blog, qui sert surtout d’exutoire pour me tripoter la nouille un max. Pas une semaine sans que je ne visite les sites réacs et les forums libéraux, pour me faire du mal parce que j'aime ça. Des parties de questions pour un champion sodomite online au visionnage répétitif des meilleurs films gonzo de HPG, internet a même envahi nos soirées pour devenir une pratique sexuelle collective. Impossible de l'éviter. Alors, par peur de la tentation ou par manque évident de volonté, j'ai préféré me calfeutrer dans ma combinaison en cuir - et Butch va se planquer lorsqu'il aperçoit le soir une ombre passer en cagoule."
A la vôtre !
Et en plus observer ce genre de comportement dans un blog qui se prétend de "Salut Public", il y aurait de quoi s'étonner un peu, si je n'étais motivé par l’exigence d’objectivité dans mon auto-enquête sur les mœurs alternatives qui sévissent dans les réseaux trotskistes.
Rappelons que, dans une crise de constipation prolongée, je me suis volontairement privé de démouler des étrons autres que virtuels depuis plus d'une semaine, que je frôle l'occlusion intestinale à force de repousser mes limites, et qu'en plus j'en parle comme s'il s'agissait d'un prélude à une opération de grande envergure de l'Armée Rouge.
"Dans ma chambre, le temps s'est comme figé autour de quelques dates symboliques: 1793, 1917, 1921, 1940 (année bénie où Papounet pactisait)… L'air ambiant est immobilisé dans une atmosphère bolchévique et les sphincters se dilatent en écoutant les discours de Léon. Les marches militaires résonnent dans l'escalier. Quelques tintements de chaînes et autres menottes viennent ponctuer mes cris sauvages lorsque je joue à envahir la Pologne. Sans connexion avec le réel, j'ai envie d'écraser des ennemis imaginaires, pendre du bourgeois, guillotiner du libéral cosmopolite en masse. Je vis dans une galerie de souvenirs totalitaires, avec des accès de fièvres, puis retombe en profonde catalepsie sur mon vieux fauteuil en caressant mon nounours Mickey, jusqu'à la crise suivante, que j'attribue au capitalisme ou autres boucs émissaires. Riches, juifs et banquiers de préférence. Le corps engourdi à cause des pins que je mets à Butch, l'esprit plongé dans une brume idéologique épaisse. J'ai l'impression que la lassitude a pris le pas sur la frustration. "
Entendons-nous bien, nous avons affaire ici à une manifestation de trauma bolchéviste hybride, fanatiquement engagé dans une secte d'ultragauche fascistoïde qui aurait tout aussi bien pu dégénérer en fièvre brune, la frontière entre les deux directions étant aussi floue que poreuse et le résultat finalement fonction des circonstances contingentes ou de rencontres aléatoires. C'est assez triste, oui. Et c'est un peu inquiétant tout de même, lorsqu'on sait que je prétends faire votre bien, surtout contre votre volonté.
Zéro adaptabilité du modèle, zéro évolution de l'utopie, et ce malgré les échecs patents de toutes les tentatives de ces régimes criminogènes pour construire la société bolchévique idéale du futur avec et sans mise en commun des moyens de reproduction.
Je ne décarre pas d'un pouce du petit enclos douillet dans lequel je me suis, moi-même, enfermé. Et je regarde passer les trains, en constatant ronchon la fossilisation de mon cerveau dans une gangue doctrinale, entretenue par le matraquage de propagande "N"PA qui rend l’individu soumis à ce traitement de force quelque peu abruti sur les bords.
Je sais que je suis un modèle fournissant un portrait clinique aux caractères aggravés par des tendances inhérentes à une sexualité brutale et un goût prononcé pour la violence remontant à une enfance maltraitée, avec toutes les complications qui s'en suivent naturellement.
Mais j'assume. En boucle.
D'où l'impossibilité de décrocher du Parti, de la dynamique de meute, afin de me stimuler réciproquement. Appeler gens. Voir gens. Prendre matraque. Taper victimes. Fouetter. Boire 8.6. Déboîter Butch. Regarder n’images du Che. Colorier n’images en rouge et noir. Voler soutif. Sortir bourrer gueule. Danser pogo. Prendre pilule. Se calmer. Militer "N"PA.
Mais brisons là mon secret : Je me prends en effet pour le Leader Maximo de la bolchosphère, mais ne peux que me traîner douloureusement dans l'attente d'une révolution qui ne vient pas, d'une époque glorieuse perdue où les légions de Trotsky déferlaient sur Kronstadt. Rien que d'y penser, je sens que ça se décoince au niveau des tripes.
...
Je sens que ça vient...
...
Mmmh ?
...
Ah non.
...
Une autre fois peut-être.
En tout cas, je livre un éclairage intéressant sur la façon dont un jeune militant peut être embrigadé dans une secte totalitaire au point de briser sa vie et n'être plus qu'un soldat obéissant aux ordres de la hiérarchie.
Cela pourrait arriver à un membre de votre entourage, de votre famille. Avant d'en arriver à de telles extrémités, ne le laissez pas tomber dans le bain dégradant du socialisme et encouragez-le à se prendre en main.
Moquez-vous régulièrement avec lui des vendeurs de potions politiques frelatées et autres charlatans. Montrez-lui les ravages du collectivisme sur les esprits faibles, faites-lui lire mon blog, portait d'une génération d'étudiants fils à papa issue des milieux intellos déclassés et rongés par le ressentiment, bousillée par les lavages de cerveau de la réeducation nationale, par les croisades citoyennes et concernées, par le moutonnisme des syndicats lycéens inféodés aux trotskistes kleptomanes, ces jeunes gens sacrifiés dans le militantisme festif des facs poubelles, intoxiqués par des gréviculteurs sans scrupules.
Moquez-vous ensuite de ces clowns intoxiqués par l'assistanat et les illusions politiques qui se sont mis sur une voie de garage en attendant le chômage de masse provoqué par 30 ans de socialisme UMPS bon teint.
S’il n'est pas question de se laisser aller à une inutile démonstration nostalgique sur "l'importance des valeurs traditionnelles certes un peu désuètes mais qui avaient toutefois l'avantage de fabriquer moins de crétins formatés à la chaîne que maintenant", on peut tout de même se poser une question : si on admet l'hypothèse de départ selon laquelle je ne suis qu'une dégénérescence ultime d’un collectivisme ordinaire qui prolifère dans divers cercles infra-publics, que je ressemble (avec un certain retard mental) à la majorité banale de mes camarades 20 ans plus jeunes que moi, et que cette catégorie de petits branle-musards sont les chevilles ouvrières de politiciens populistes sans scrupules, si, bref, on se rend compte que je suis une copie des glandeurs qu'on trouve partout ...
Qu'ai-je à dire sur le monde actuel ?
Expérience de vie : nulle. Culture : nulle. Loisirs : s'inventer un monde d'auto-fiction.
Par exemple, sur mon blog, je me prend à rêver que je suis journaliste. Engagé, ça va de soi. Je suis le Meilleur Blochiste de la Gogosphère, hein ! C'est Butch qui me l'a dit. Et je m'étonne que des médiocres aient réussi à percer, et pas moi. Alors j'enrage et me trouve des raisons. Je peste, contre ce monde trop injuste, décharge mon fiel sur un ennemi invisible. M'imagine que si aucune rédaction n'a voulu de moi, hé bien je vous le donne en mille : c'est qu'ils sont tous des nazes, puisque votre grand incompris est beaucoup trop talentueux pour manger de ce pain là.
Je fais mine de m'étonner d'une standardisation de l'information, en m'indignant de la pensée unique, qui est toujours celle des autres, bien entendu. Je feins de découvrir le manque d'esprit critique, comme si la vulgate marxiste représentait encore le moindre souffle de subversion. Plaintif jusqu'au vertige, je fulmine contre le manque de bourdieuseries, contre une dépolitisation rampante décidée par une conspiration de puissants qui tirent les ficelles et qui décidément m'en veut. Alors je sens monter d'en bas un petit frisson d'excitation qui parcourt ma nuque bien dégagée.
Que voulez-vous, on nous ment, on nous cache tout !
Alors, pour me consoler, je m'invente de captivants scénarios anticapitalistes pour oublier, un peu, que ma vie se résume à un acte manqué.