J'avais raté ma vie et je ne voulais pas rater ma mort. J'avais tout préparé : un contrat obsèques en bonne et due forme, un cercueil dernier modèle et surtout, une messe ! Très important, la messe, pour asseoir sa réputation de défunt. Pour m'offrir ce "pack mortuaire" – comme je l'appelais en mon for intérieur - j'avais été obligé de me séparer de ma voiture : une formalité pour moi mais pas pour ma femme. Elle me le reprochait tous les jours et sur tous les tons :
- Tout ça pour te payer une belle mort, tu ferais mieux de t'occuper de notre vie !
Et ce qui devait arriver arriva ; ses jérémiades ont eu raison de ma patience. Je n'ai pas pu assister à son enterrement, je suis incarcéré, mais j'ai su que les gens avaient beaucoup pleuré. Je me demande si ma femme ne m'a pas volé ma mort.