Magazine Journal intime

La cité nécéssaire

Publié le 27 août 2009 par Lephauste

C'est que votre dictionnaire est un peu vieux, vous ne trouvez pas ? C'est vrai que mon Larousse classique date de 1957. Et puis je me suis dit : Non en fait, c'est moi qui suis trop vieux pour en voler un plus récent. Je n'ai plus l'âge ni la folie pour franchir les chicanes électroniques d'une quelconque grande surface multimédiasse en feignant de perdre les eaux à cause d'une grossesse ayant largement dépassé la date limite d'expulsion des 42 000 mots et des 12 598 illustrations, toutes en couleurs de l'épais volume gonflé à la modernité. 1957, Augé, Gillon, Hollier-Larousse. Moreau et Cie. Librairie Larousse, Paris 6e. C'est vrai que dans mon Larousse on ne trouve pas le non-mot "pestacle" ni aucun tortueux sac de noeuds de verroterie verlan. On y trouve Pangolin. Meunier tu dors ! Pangolin ! pangolin ! pangolin va trop vite ! On y trouve une page sur la peinture flamande en noir et blanc; Tiens, aussi une rose séchée !? Ah oui, je me souviens.

C'était un jour où elle était venue à l'improviste, les bras chargés de soupeser la foi de mon amour en me détaillant l'âme et ... de tomates et de courgettes et d'aubergines et de poivrons et d'une ou deux bouteilles de vin et de la môme et de tout ce qu'il fallait pour que le Sud colore à la gouache des pans entiers de mon Nord Sépia. J'avais descendu dans le jardin et au péril de mes épines, j'avais au sécateur sécater des roses, une pour la môme qui l'avait boulotter comme une jeune chèvre et trois pour elle. Deux pour le menu gazouillis de ses tétons et la troisième pour cet essentiel désordonné qui est entre le miel et le sel, entre le ruisseau et l'estuaire. Et puis j'avais aussi écrit un petit poème. Parce qu'il est aisé de rater la ratatouille si l'on a pas un poème prêt à lire sur le plan de travail. le voici le poème, hum ! Hum !

Le temps que vous arriviez par la rue Remonteru, le temps que seul sur le quai, je reparte, le temps qu'en un tour de hanche nous fassions en votre taillis le tour du jardin, était-ce bien du temps passé ? N'était-ce pas plutôt de ce temps indompté, le choc du temps de s'aimer puis sans compter, le temps de nous laisser aller à l'infini du temps. Avec aux ventres, partagé, le hors-champ de l'éternité.

Et pour conclure sans jamais en avoir fini, cette sentence de Nietzsche, parce que je disais à mon fils : Tu as l'âge de lire Nietzsche ! Sans me rendre compte qu'il vivait plus qu'il ne lisait et que cela était Nietzsche.

"Soyez résolus à ne plus servir et enfin vous serez libres." Encore un peu de chemin à faire, n'est-ce pas ?


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