Je suis installée sur mon transat, à l'ombre d'un parasol qui ne sert à rien vu qu'il n'y a plus de soleil, et je lis.
Je lis Nicci French. Encore et toujours. Je vous ferai un topo dimanche, à l'heure ou "on lit au lit", vu que j'en ai dévoré six en moins de deux semaines, que je m'apprête à commence le septième, qu'un huitième m'attend et qu'un neuvième, le dernier, devrait me parvenir sous peu...
Il me reste quelques pages seulement, l'intrigue va enfin se dénouer, le suspens est à son comble et je me retiens, en tournant les pages, de ne pas aller lire directement, en diagonale, les lignes suivantes ou la fin de la page, pour tenter d'avoir réponse à ces questions que je me pose depuis plus de 500 pages...
Le vent est fou. Complètement fou. Il fait un bruit délirant. Heureusement qu'il fait jour, car le livre + le vent instaureraient en moi une angoisse folle, je pense. J'aime pas le vent, ni l'orage, ni la pluie... pourtant, quand il fait venteux, orageux et pluvieux et que je suis pelotonnée sur mon canapé, avec une bougie, un bon DVD, j'aime ça. Contradiction moi être, je sais. Bref, revenons à nos moutons...
Car c'est bien de moutons qu'il s'agit, mais dans le ciel. J'ignore pour quelle raison le vent me fait lever la tête. Je suis couchée sur le transat, pour rappel, donc lever la tête n'est pas un grand effort.
Je lève la tête, donc.
Et le spectacle est magnifique.
Les nuages forment deux couches. Deux strates. Une toute légère, haut perchée, faite de petits ronds moutonneux, presque immobiles. Une plus dense, et plus basse, composée à la fois de petits nuages cotonneux et légers et de gros nuages d'un gris ultra menaçant. Cette dernière couche avance à vive allure, balayée par le vent.
Magnifique, vous dis-je.
Et comme souvent, face à la beauté de la nature, du monde, de la boule bleue, je me mets à méditer.
Méditer sur le fait que je ne regarde plus les nuages, accaparée que je suis par ma vie pourtant répétitive, mon travail encore plus répétitif, mes loisirs tout aussi répétitifs. Alors que les nuages, keske c'est beau. Keske la nature est bien faite, avec ce cycle ininterrompu de pluies, d'eau qui ruisselle et rejoint la mer, s'évapore pour former des nuages, qui pleureront sur nous tout prochainement et la boucle est bouclée (oui, bon, ça va, on l'a tous appris à l'école, je vois encore le schéma explicatif, mais faut avouer que c'est génial tout de même, un peu comme le cycle de la vie la mouche bouffe la m..., l'oiseau bouffe la mouche, le tigre bouffe la mouche et oups, mais qui bouffe le tigre ?).
Et puis ma méditation me conduit à cette époque où tous ignoraient ce qu'étaient les nuages. Comme ils devaient avoir peur en les voyant arriver, tels des monstres gris. Et comme ils devaient être terrorisés par les pluies et le tonnerre, colère des dieux. Et comme tout devait les effrayer, dans la nature, à l'époque où personne ne comprenait rien à rien : pourquoi le soleil s'en va et revient ? Comment la lune change-t-elle de forme ? Keskia après la mer, là-bas, au loin, si la terre est plate, eskon tombe dans le néant ?
Voilà à quoi je médite quand je suis face à la nature. Et je ne vous parle pas de mes questions existentielles sur le sens de la vie, sur la mort, sur la réincarnation, sur le paradis ou l'enfer... vous en feriez une dépression.
N'appelez pas un psy, passque j'aime ça, même si ça fait naître en moi une grosse mais jolie mélancolie.
Dans mon élan, j'ai rechargé ma batterie (enfin pas la mienne, celle de mon Minolta) et j'ai immortalisé le moment, rien que pour vous. Bon, on voit pas les strates ni le mouvement, mais l'intention y est, vu que j'ai interrompu ma lecture pour ce faire, et que j'ai donc su qu'un quart d'heure plus tard qui était l'assassin...