Quand l'ambulance du CHU me dépose en neuro, tout le monde est blême. Seules les infs sont gentilles comme
d'habitude, douces. Elles SAVAIENT déjà, mais ne pouvaient rien dire, rien faire. Les toubs dont le chef de service sont penauds. Ils sont passés à côté d'un truc grave et vu mon état, il est
peut-être trop tard! ECBU, prise de sang.
A partir de ce moment-là, je ne suis plus la patiente MGEN qu'on prend pour une mytho hypocondriaque, mais je serai la patiente à bichonner, l'objet de tous les soins et attentions. Je suis
paraplégique et incontinente totale.
La paralysie, ça va, on se dit qu'on va récupérer, mais l'incontinence! Ca a été très dur de me laisser faire la toilette par les infs, et mettre des couches! La haut du corps était engourdi aussi,
pas moyen de me débrouiller seule.
Le chef de cli reviendra, lui qui avait voulu me faire une PL contre l'avis du vieux grigou!
On est samedi, on m'envoie l'interne de garde, une petite jeune fille gentille mais timide. Censée, je demande à ne pas voir le matériel de prélèvement, j'ai trop peur! J'ai bien fait! Bon, en même
temps je n'aurais pas pu me sauver, tout au plus refuser les soins!!!
Une inf reste avec moi, me maintient dans la bonne position assise, la tête dans le coussin, dos rond. Si elle ne m'avait pas tenue, je ne tenais pas assise au bord du lit! On me dit de ne surtout
pas bouger, car si l'aiguille casse, elle est coincée dans le dos, et c'est galère pour la récupérer! Je manque défaillir en entendant cela!
La toub pique. Je suis contente, je ne sens rien. Là elle me dit que l'aiguille est bien trop courte, que la PL a raté, qu'il faudra la refaire le lendemain!
Je déchante. Zut! Bon, je n'ai pas souffert, c'est déjà ça! On me dit de rester sur le dos et on m'apporte plein d'eau à boire!
Je tiens à insister sur la honte éprouvée lors des toilettes, soins et curages par les infs. heureusement, j'étais tombée sur des perles qui ont réussi à me mettre à l'aise!
Je passe une journée morne. Le soir, Milda, ma meilleure amie, qui a téléphoné partout pour me retrouver, se pointe: elle s'occupe de mes canaris, de
l'appart, elle s'occupera du linge aussi. Et surtout de m'amener des affaires, puisque je suis arrivée avec le SAMU! Elle préviendra ma nièce.
Il n'y avait pas encore de tél. mobiles à l'époque, c'était le tout début. Je prends donc un abo à l'hosto en ligne fixe, ainsi que la télévision! Je suis au plus mal, autant me bichonner!
Je pleure encore souvent, me crois dans un horrible cauchemar. Pour l'instant je suis seule dans la chambre double, mais ça ne durera pas!
Je mange le repas de l'hosto. Bof. Pas les nerfs de regarder la tv, mais j'ai besoin d'un bruit de fond. Je ne fermerai pas l'oeil de la nuit, peur panique de la PL du lendemain.
Dimanche matin. Délicieux petit dej, en neuro à l'hôpital civil, le dimanche il y a du gâteau et du café au lait! Yes!
Au service, c'est plus calme. On amène une nouvelle patiente, arrivée avec le SAMU aussi: une petite mamie très sympa qui a fait un AVC et est encore très confuse. On sera amies!
Puis le chef de cli arrive pour la PL. Je demande à une des infs gentilles de me distraire, de me raconter des trucs pour que je tienne le coup! Elle ne se fait pas prier, et me parle de sa fille
qui fait le bingo des marques, comme ma nièce. C'est con mais ça me captive. Je ne sens presque rien. Le chef de cli me regarde, soulagé, et me dit que c'est fini! J'hallucine! Je lui aurais sauté
au cou! Après toutes les horreurs entendues sur les PL, je suis tombée sur un super piqueur! Je le lui dis, il est ravi! En soirée, j'entends des pas lourds au bout du service: le Pr Warter
rentre chez lui: chef de service, il est le premier arrivé et le dernier parti!
Moi, je m'occuperai comme je peux, télé. dans l'attente des résultats prise de sang, ECBU, PL...