Je demandais
un jour à l’un des plus vertueux pères du monastère, comment il se faisait que
l’obéissance fût la compagne fidèle et inséparable de l’humilité. Voici la
réponse qu’il me fit : «Celui, me dit-il, qui pratique l’obéissance, n’est pas
seulement obéissant, il est encore plein de reconnaissance. Ainsi, quand même
il ressusciterait les morts, qu’il posséderait le don des larmes, et qu’il
jouirait de la paix souveraine du cœur, il pensera toujours que tous ces
avantages, il ne les a que par le moyen de son supérieur, qu’il n’en jouit que
par la vertu de ses prières. C’est pourquoi il sera exempt de tout sentiment de
présomption et de vaine gloire. Eh ! comment pourrait-il s’en enorgueillir, en
croyant que ce n’est pas par ses mérites ni par ses vertus qu’il a toutes ces
choses, mais par le secours de son supérieur ? C’est ce qui fait que
l’hésychaste est en quelque sorte incapable d’avoir en partage cette humilité
intérieure au milieu des choses dont nous venons de parler; car il peut plus
facilement croire que c’est par ses propres forces et son industrie qu’il vient
à bout de faire les bonnes œuvres qu’il pratique.»
saint Jean
Climaque : L'Échelle sainte
«De la bienheureuse
et toujours louable obéissance»