Magazine Journal intime

Reclue recrue (chanson de corps de garde)

Publié le 29 août 2009 par Lephauste

Reclue recrue dans son donjon a dévoré tous ses dragons, les petits, les mal commodes, les monstrueux des antipodes, les à cheval sur les principes, même ceux qui lui armaient le slip, a tant guetté à toutes les heures, le mieux qui est si l'on en croit, l'ennemi du bien, le fer du mal, qu'il a fini par se perdre de vue dans sa retraite du bout du monde. N'allez pas croire, le monde est ch'ti, mesquin, souriant à la tonte, rase les murs, brise les chaînes mais se retrouve tout un, fidèle au poste dès qu'on lui dit : Regarde toi, vois comme tu n'y peux rien!

Recrut recuit reclus dans sa carrée fait des incendie d'allumettes où il s'abouche mégot au bec pour deux minutes de brouillard, regarde passé le philosophe : "Celui qui de sa journée ne détient pas au moins les deux tiers, est un esclave.", se baigne dans les eaux sales de la mémoire où un cheval déglutit le licol en regardant battre la coulpe sur l'aire de la balle et des grains mis à nu. Noirte que nous l'appelions. Noirte, comme les chevaliers de l'enfance qui se faisaient rosser en lice par la rouerie des gens de bon, qui croient qu'il suffit de brailler pour accomplir quelques hauts faits et recueillir des tribunes les roses rouges et le bonus. Le monde ... Le monde est versatile, pusillanime, songe en héros, vit au guichet et quand l'heure est venue de s'en retourner au logis, se resserre dans les files, s'entasse dans les salles d'attente, fait de n'importe quel brouet, un festin de gras délicieux. Et pis surtout jure ses grands Dieux, ses petites idoles, son pécule, que bien sûr il l'a vu passer, l'éternité. Mais que ça lui a parut risible et décharné.

Recrue refaite reclus rincé a fait le tour du propriétaire, vidé son pesant de poubelles, trouvé ça et là des trésors sous le cul des dragons endormis, a mis mil ans dans le creuset et s'en est fait une pierre brute qui l'éclaire à minuit et qu'il appelle sa bonne étoile. La bonne étoile de qui a perdu le Nord est comme un tesson de verre, au travers duquel c'est vrai on voit des réalités très engagées à des rages de débris. Noirte que nous l'appelions, enfin nous ne l'appelions pas vraiment, l'était par trop insécable, dans son manteau de cheminée, à faire son trou dans le ciel bleu, dans la nuite enfièvrée. Noirte portait assez bien le chapeau, l'habit de briques, le plumet de faisan, caracolait de toi en toi, frisait quand on ne l'élaguait pas de boucles de qui la discipline ne pensait rien sinon, parfois mais à part soi. Et tendait la main à qui voulait monter pour voir de près la clé de voûte et les maçons du grand céleste. Mais n'est-ce pas là un étai ? lui murmure parfois un esprit finit. Un étai, un étang, une étrille, un artifice, certes, mais un artichaut tout autant, de l'art quoi ! De l'art coit. Du coït lointain. De l'art de vivre en unique Monem.

Rossée refaite recrue rincée rassie, se fait pas de mousse pour la rime, c'est par là que la rouille attaque tout ce qui cherche au plafond une herbe tendre, un pré carré, le divan de la postérité. Et avant de voir que vous avez raté, faites donc un où deux enfants. Sait-on jamais, peut-être n'avez vous pas misé sur la bonne matrice.

Pour monsieur Mouloud Akkouche qui a de poésie la haute idée que l'on s'en fait, quand par elle on a été mieux porté que par n'importe laquelle des mères, mon bon salut.

(J'écris pour qui ne me lit pas, ainsi j'évite la critique, ainsi je lévite, je m'évite.)


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