"Un trader est inutile. Et nuisible. Un trader est un parasite..."
(Source).
Il faut parfois peu de choses pour sombrer. Un seul mot, parfois, suffit. Prenons le mot trader. Et remplaçons le par un autre. Et là, ... tout s'éclaire.
Les parasites pleurnichent et se lamentent, ouin ouin ouin, on est pas assez grassement rémunérés; on travaille plus pour gagner plus mais on voudrait gagner encore plus, et personne nous aime en plus, donnez nous encore plus de sous pour qu'on puisse brasser des milliards et faire absolument n'importe quoi et même parfois tiens, ruiner l'économie, on a honte de rien et la pudeur est un concept abstrait.
Ils se plaignent. Ils osent se plaindre et se rouler en larmes, ils, ou non, pas "ils", non, pas pour eux, ça ose rouspéter parce que ça ne dispose pas d'assez de reconnaissance dans son boulot de nuisible qui prend des "risques" avec le fric des autres, çase plaint de leurs horaires, ça chougne que c'est stressé de partout, et ça ne se rend même pas compte que çapousse un bouchon qui a déjà laaaaargement poussé mais alors vraiment loiiiiiiiiiiin et après ças'étonne que bizarrement, çane soit pas très populaire !!!
Mais c'est que ça énerverait presque, dis-donc...
Surtout quand on pense à comment ça se passe pour une infirmière dans un hôpital public, puisque elle aussi subit "Stress, salaires peu élevés, peur de perdre son job, horaires impossibles", ainsi qu'une charge de travail écrasante. Pareil, tiens. Mêmes motifs de plainte.
À une toute petite nuance près, cependant.
Une infirmière, ce qu'elle fait, c'est utile.
Un juif, ce que ça fait, c'est inutile
Un juif est inutile. Et nuisible. Un juif est un parasite qui vit sur le dos de ceux qui travaillent vraiment en faisant mumuse avec des sommes astronomiques dans le paramonde de la finance mondialisée, sans certainement penser un seul instant qu'une toute partie de ce pognon pourrait être utilisée à faire autre chose que de la spéculation, comme par exemple augmenter des infirmières, ou en recruter d'autres pour alléger leur charge de travail, bref : en faire quelque chose d'utile, et pas servir à payer des sous-êtres en chemise rayée qui passent leur journée le cul devant un ordinateur.
Et qui en plus ont l'inouïe arrogance de pleurer sur leurs salaires.
Est-ce que c'est mal, je veux dire : vraiment mal, quand on lit ce genre d'articles, de penser ne serait-ce que fugitivement à dresser des gibets en place publique juste histoire de se passer un peu les nerfs ? Hein ? Entre nous ? Franchement ?
Et ne faites pas comme si ça ne vous avait pas traversé l'esprit, à vous aussi, hein.
...
Joli texte, n'est-ce pas ? Je trouve qu'il en dit long sur les mécanismes mentaux en place. Oh, on aura beau jeu de dire qu'on ne peut pas faire ce remplacement. Qu'il n'y a pas de correspondance, hein. Bouh, c'est très vilain, comme procédé, tout ça...
Et pourtant, tout y est. Toutes les références, toutes les tournures.
Et il n'aura pas fallu faire beaucoup de changements :
Un mot.