Mon autre moi, CSP est parfois très amusant, mais c'est toujours sans le vouloir. La preuve :
"J'aimerais beaucoup vivre dans le monde de Philippe Bilger. Ça doit être très reposant. Ou en tout cas, assez confortable pour l'esprit. Puisque si avoir des prétentions à penser la société consiste à se contenter d'aligner poncifs réactionnaires sur lieux communs de bourgeois soi-disant éclairé, l'effort à produire ne doit pas être bien conséquent."
Pas de doute. Manquer à ce point et de culture, d'esprit d'analyse, d'humour et d'une capacité, même minimale, à prendre du recul, ça doit être très reposant. Ou en tout cas, assez confortable pour le cerveau. Ici, impossible de parler d'esprit, il n'y en a pas. Zombie au concentré d'automate ressassant sans arrêt les mêmes âneries entendues dans les assemblées festives d'übermensch collectivistes, l'étrange animal que je me plais à être se contente d'aligner poncifs trostkistes sur lieux communs de communiste soi-disant éclairé, dans un effort pour produire mes billets manifestement très conséquent.
En bref, encore un de mes textes qui sent le dessous de bras, la transpiration d'idées bancales et de phrases mal ajustées.
Voilà voilà : je plaque une grille de lecture (devinez laquelle) sur un texte relativement banal d'un type qui bloggue à l'autre bout de la toile, et paf, c'est comme remettre 2 sous dans le bastringue, me revoilà parti dans mon monologue abrutissant. Le tout, je le rappelle, toujours sans la moindre trace d'humour.
Conséquemment, je m'inquiète - à fort juste titre - du désespoir auxquels mes lecteurs sont acculés. Butch, couché. J'ai dit "acculé"... Tout comme Austin Powers, j'ai très manifestement perdu mon mojo et je me retrouve à pondre des billets de plus en plus plats. Plus de subtiles références à mes tendres antagonistes de l'extrême-droite, plus d'analyse fouillée des puissantes déclarations d'Olivier - Que Ton Règne Vienne - plus aucune de ces dissertations au rythme scolaire Thèse Antithèse Foutaises sur un sujet imposé par Le Figaro. Rien.
Me voilà parti sur les mornes chemins de La Réflexion. Le truc qui pense. Avec des phrases alambiquées (dans Bourdieu, il y a Dieu, et c'est devenu le mien). Hier, pourtant, je m'étais juré de bien faire attention à la forme, dans un habile colombin démoulé à la va-vite et dans une fureur enthousiaste, histoire de faire enfin passer mes indigestes réflexions en les camouflant dans un nuage d'humour rigolo. Mais non, faut pas déconner, j'y arrive pas. Ce qui me donne des angoisses, c'est le saut qualitatif dans la brutalité des commentaires qui me poussent à écrire des bêtises...
Tenez, là, me voilà parti à évoquer la lutte des classes (eh oui, encore). C'est mon dada. Ca me ferait très probablement pourrir les intestins, ou tout du moins achever de les putréfier, si j'avais pris connaissance que le concept même de lutte des classes, truc flou et mou s'il en est, avait été en réalité introduit la première fois par ces raclures de libéraux comme Comte et Dunoyer et que Karl - Loué Soit Son Nom - n'avait fait que repomper l'idée pour la plaquer sur ses lubies pathologiques.
C'est tout nous, ça. Le repompage. On ne sait pas faire dans le nouveau. Même l'Antikapitalistische Partei n'a de nouveau que le logo, le reste étant un vieux réchauffé d'une soupe servie mille fois.
De repompage en recrachage de notions mal comprises, mal digérées et mal formulées, on voit donc que je ne sais absolument pas de quoi je parle dans mes billets sous champis qui font rire, et que je dis des conneries grosses comme les bulletins de salaires de la copine d'Olivier - Que Son Règne Vienne.
En effet, on serait fort curieux de savoir quand a bien pu exister cette caricature communiste où les prolétaires seraient systématiquement maltraités par un patron buté et cupide, à pousser des wagonets dans le fond de mines sordides à côté desquelles les passages les plus poignants de Germinal, oeuvre indispensable à la doxa collectiviste, ne seraient que des bluettes joyeuses et sautillantes. On serait heureux de comprendre pourquoi, dans ces époques reculées où les ouvriers étaient machouillés paresseusement en brochette de 100 par le grand capital, au petit déjeuner, le prolétariat s'était arraché à sa terre, à la campagne nourricière et généreuse (ici : insérer un arc en ciel) pour aller dans d'aussi sordides conditions prostituer son corps et son âme dans d'interlopes manufactures qui ne le mène qu'à la boisson et la misère. Z'étaient bêtes, sans doute, à l'époque. Heureusement que Karl (puis, plus longtemps après, moi) leur avons patiemment expliqué pourquoi c'était mieux, avant !
Conséquemment, dans cette vision stupide des rapports sociaux, rien n'allait jamais pour le mieux, c'est bien dommage mais la classe opprimée n'aime pas trop ça et la classe dominante en profite salement... - autre tarte à la crème bolcho : il n'y a pas de zindividu, mais un simple empilement de bulots dominateurs ou dominés, dernière catégorie dont je me targue de faire partie tout en soulevenant de la fonte pour arriver à m'en extraire...
Gageons que si j'avais existé au XVIIIème siècle, je n'aurais pas manqué d'être un pouilleux sans aucun avenir, la société de l'époque ne supportant les abrutis oisifs qui glandouillent en se pignolant sur des concepts vaseux au lieu de travailler un tant soit peu que dans la mesure où ils avaient un talent certain, chose qui me semble, de plus en plus, inaccessible...