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Ce qu'on nomme la crise

Publié le 01 juin 2009 par Voilacestdit

Je m'interrogeais sur le sens du mot "crise", employי א tout vat dans les mיdias sans que la question soit guטre posיe : au fait, qu'entend-on par crise ?

La plupart des gens rיpondront : il y a crise quand חa va mal, et on ne peut rien faire, חa nous tombe dessus. Mais encore.

Il n'est pas inintיressant de savoir que le mot a une origine mיdicale. Crise vient du grec krinein,  qui signifie "juger, juger comme dיcisif". Le terme originel dיsigne l'יtape d'une maladie au cours de laquelle un changement subit se produit, pour s'avיrer fatal ou salutaire. C'est le moment critique,  in quo morbi judicium, oש la maladie rend son jugement. Et avant cela, le mיdecin a portי un jugement critique pour discerner, au risque de l'erreur. Une crise est donc le "moment dיcisif" oש la maladie juge le corps qu'elle affecte, et ce que le mיdecin dיcide de juger comme dיcisif.

Quelques rיflexions lא-dessus. L'issue de la crise, d'abord : elle est ou fatale ou salutaire. Elle peut ךtre fatale. Elle n'est pas nיcessairement salutaire.

La crise peut ךtre conחue א la fois comme l'aboutissement d'un יtat antיrieur et comme ce qui doit ךtre dיpassי. Aboutissement d'un יtat antיrieur : le changement subit ne vient pas de rien. Il rיvטle les faiblesses de l'organisme. Il dיvoile une vיritי. Cette vיritי apparaמt sous la forme de l'exarcיbation d'une tension latente, en vue de son dיpassement.

La crise oeuvre comme une sorte de grand jugement/discernement. Le pire serait de souhaiter qu'elle se termine sans que rien ne change : c'est l'issue fatale.

La voie salutaire est du cפtי du dיpassement. C'est le moment de "juger" de la situation : analyser, comprendre, dיmonter les mיcanismes (par exemple les mיcanismes d'emprise de la consommation), favoriser le dיveloppement de la coopיration et de la contribution, juger de nouveaux comportements - en un mot penser neuf et agir ce penser.

Jacques Attali יcrit : "Ce qu'on nomme la crise n'est que la longue et difficile rייcriture qui sיpare deux formes provisoires du monde".

Oui, c'est א une rייcriture que contraint la crise. Et sans doute la nouvelle forme du monde dont la crise est porteuse, sera aussi provisoire que l'ancienne. Comme tout ce qui se rapporte א la Vie.

J'ajouterai - je parle comme un ancien - que je ne comprendrai peut-ךtre pas tout de cette nouvelle forme du monde qui est א faire advenir.

Il en est de ce monde pressenti comme il en va avec nos enfants :

Ils sont les fils et les filles de l'appel de la Vie א elle-mךme. Ils viennent א travers vous mais non de vous. Et bien qu'ils soient avec vous, ils ne vous appartiennent pas. [Khalil Gibran]


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