En haut de la falaise, à plusieurs reprises, il avait senti qu’il pourrait se laisser porter, comme ces oiseaux qui tournoyaient au large. Il lui suffirait d’ouvrir son imperméable, de laisser s’envoler les pans de tissus qui lui tailleraient deux ailes grises et de penser à la mer qui aspirerait son corps.
Ces quelques jours passés au « Dormy house », campé sur la falaise, avait été fort agréables. En d’autres temps, sa modeste solde lui aurait interdit cet hôtel de luxe. Il avait choisi l’une des chambres les plus chères, face à la mer, et avait même dîné chaque soir dans le restaurant panoramique qui offrait des menus aux mets raffinés. Non, il ne s’était privé de rien. Maintenant qu’il avait pris sa décision, l’argent ne signifiait rien.
Il sauterait le dernier jour, le vendredi, et n’avait qu’un regret, celui de ne pas avoir parlé à cette femme qui depuis trois jours s’asseyait seule dans la salle de restaurant, non loin de lui et qui, elle aussi, se promenait sur les falaises revêtue d’un imperméable où le vent s’engouffrait à plaisir.
PS : photo gentiment prêtée par Pierrick, du blog croklaphoto /