2. Mais voyons maintenant comment nous pourrons nous tourner vers cet enfant, vers ce maître de mansuétude et
d'humilité : « Convertissez-vous à moi, dit le Seigneur, de tout votre coeur. » Mes frères, si le Seigneur s'était contenté de nous dire : « convertissez-vous, sans rien ajouter, peut-être
aurions-nous pu répondre : c'est fait, vous pouvez maintenant nous prescrire autre chose. Mais il nous parle là, si je l'entends bien, d'une conversion toute spirituelle, qui ne saurait être
l'oeuvre d'un seul jour; plût au ciel même qu'elle pût s'accomplir pendant le cours entier de la vie présente. Quant à la conversion du corps, si elle est seule, elle est nulle, car cette sorte
de conversion, qui n'en est pas une véritable, n'est qu'une vaine apparence de conversion. Combien à plaindre est l'homme qui, tout entier adonné aux choses du dehors, et oublieux de son
intérieur, se croit quelque chose tandis qu'il n'est rien ! il se trompe lui-même. « Je me suis répandu comme l'eau, dit le Psalmiste, et tous mes os se sont disloqués (Ps 21,5).» Un
autre Prophète a dit aussi : « Des étrangers ont dévoré toute sa joie et il ne s'en est même point aperçu (Os 7,9). » Comme il ne regarde que l'extérieur il croit que tout va bien pour
lui, parce qu'il ne voit point le ver qui le ronge à l'intérieur. Il a toujours la tonsure, ses vêtements n'ont point changé, il pratique ses jeûnes et chante l'office aux heures indiquées, mais
« son coeur est bien loin de moi, dit le Seigneur (Mc 7,6). »