Rue Saint Denis, sous la pluie...

Publié le 02 septembre 2009 par Gchocteau

Mardi midi, il pleut sur Paris... Je viens de quitter Ydikoi avec qui j’ai déjeuné.

Contrairement à la veille, il pleut. Il pleut une petite pluie fine, mais épaisse, dense et pénétrante. La veille, on se serait gavé de glaces pour résister à cette bonne chaleur estivale, les parisiens étaient en terrasse, les parisiennes ouvraient les décolletés et mettaient les épaules nues, aujourd’hui, c’est parapluie et imperméable. Sauf moi, car je ne pouvais pas emmener pour deux jours, le nécessaire pour deux météos aussi opposées. D’où un choix médian passablement frustrant... Ydikoi et moi avons déjeuné dans un resto [1] autour de l’église Sainte Eustache. Mon rendez-vous dans l’après midi n’est pas très loin selon le lien GoogleMaps que mon interlocuteur m’a envoyé. Rue Greneta... Une rue transversale de la Rue Saint Denis.

La rue Saint-Denis est l’une des plus anciennes rues de Paris : son axe est tracé dès le Ier siècle par les Romains. Elle s’étend vers le nord au Moyen Âge. Dès cette époque, et jusqu’à aujourd’hui, la rue est connue comme un lieu de prostitution notoire.

Elle s’étend (depuis le 1er arrondissement) de la rue de Rivoli au sud, jusqu’au (dans le 2e arrondissement) boulevard Saint-Denis au nord. Elle est parallèle au boulevard de Sébastopol. De Wikipedia.

La rue Saint Denis est un des hauts lieux du tourisme à Paris. Quel jeune ne s’est pas encanaillé à parcourir la rue lors d’un voyage sans les parents ? Brrr ... Normal, cette rue est indéniablement associée à la prostitution, qui, malgré la loi Sarkozy sur le racolage passif, est toujours très présente... La pluie empêche probablement d’haranguer les passants, mais on sent bien cette ambiance à la fois terriblement détestable d’exploitation humaine et en même temps intéressante car terriblement transgressive.

De nos jours, la rue Saint-Denis est encore constituée de sex shops mais la concurrence d’Internet en fait une activité sur le déclin ; la partie située entre la rue Réaumur et le boulevard Saint-Denis était réputée pour être un lieu de prostitution mais la loi Sarkozy sur le délit de racolage passif a, tout du moins visiblement, réduit la prostitution. De plus, on trouve également des boutiques de vêtements, ainsi que des bars et restaurants. Un effort de la mairie grâce à un programme de réhabilitation du quartier permet une nouvelle diversité dans la rue. De Wikipedia.

Il est vrai que j’ai utilisé les avancées de devanture pour tenter de sauver les quelques millimètres carrés de toile qui restaient sèches sur mon blouson d’été. Et j’ai pu donc voir les alternances de magasins sur une bonne moitié de la rue Saint Denis : fringues, mode, chaussures, bars, sex shop, fringues, mode, chaussures, bars, sex shop, ... (Faites un copier / coller).

Et j’arrive au croisement de la rue Grenéta... Mmmm... Bizarre... Le doute m’envahit... Je reconsulte mon agenda [2] et m’aperçoit avec horreur que le lien GoogleMaps n’a rien à voir avec la rue dans laquelle je dois aller... Une erreur ! Je décide de m’abriter dans une entrée de garage souterrain pour consulter mon plan de Paris... Je ressors mon Iphone, je prends mon plan de métro... Je ne vois rien, mes lunettes sont couvertes de gouttes et de buée... Je les enlève de mon nez et commence à les essuyer avec mon tee shirt (Probablement aussi trempé que mes lunettes).

Et là, j’entends une voix qui me dit "Si tu veux, tu peux rentrer, il faut chaud et sec, je te sècherai tes vêtements"... Je relève le nez et je vois une belle brune, la trentaine, sur le pas de porte d’une officine que la religion réprouve, qui me fait des signes pour entrer. Un peu étonné qu’on m’adresse la parole du trottoir d’en face, sortant de mes pensées de retard de rendez vous, je balbutie un truc du style "Non, merci, je n’en ai pas besoin." d’une voix calme, mais un peu puérile. Genre le gamin qui parle à un adulte ! Elle me relance "Mais si, j’appellerai une copine et on s’occupera bien de toi... Viens, tu seras bien...". "Bien", j’en doute pas, mais ce n’est pas le genre de la maison. Je décline sa proposition une deuxième fois, mon éthique m’a toujours obligé à être poli avec les gens qui travaillent, je remballe mon plan, remets mes lunettes et lui sourit. Elle a déjà refermé sa porte.

Au delà de l’aspect écrit que je porte à cet article de blog, deux choses me turlupinent depuis hier...

1. Le fait de me faire interpeller par cette femme m’a mis dans une situation puérile, comme si j’avais été pris en faute. Alors que je n’étais en rien fautif (Sauf d’avoir planté mon rdv !). Alors pourquoi cette attitude enfantine ? Bizarre... Une réminiscence de culture judéo-chrétienne ? 2. Le côté touristique de la rue Saint Denis ne doit pas empêcher de réfléchir et combattre ce mal qu’est la prostitution. Et sortons des clichés de la prostitué qui a voulu faire ce métier. Marginalement, il doit bien en exister, mais en lisant les études sur le sujet, on s’aperçoit surtout que des parcours de vie, et surtout des brisures, conduisent à cette situation. Les sex shops sont des commerces comme les autres, il faut qu’ils existent pour apporter ce que certains recherchent et ne trouvent pas ailleurs. Les prostitués ont toujours existé, mais cela n’est pas pour cela qu’il ne faut pas les aider à décrocher de ce milieu si elles le souhaitent. Quelques sites d’informations et d’aide en suivant ce lien.