Bon... ben... ça y est...
Je suis redevenue une enseignante. Parce qu'il ne faut pas croire que l'été, les profs fantasment sur leurs cours ou qu'ils se frottent à leur cartable pour se rappeler combien leur vie
d'enseignant est passionnante. Non. L'été, on met le cerveau en position off, on laisse déprimer son cartable seul dans un coin et on oublie même que notre meilleur ami est un stylo rouge, de
septembre à juin.
En ultime signe de résistance à la force obscure, (oui, je suis une grande rebelle !), j'ai refusé de prendre mon cartable le jour de la pré-rentrée : j'ai embarqué un bloc-notes et ma trousse
dans mon sac, et je suis partie... en essayant de noyer mon cerveau dans le dernier album live de Cali, le temps du trajet. Du coup, je suis arrivée en grande forme à Dinoland... et j'ai
failli me rendormir juste avant la pause café : je ne pensais pas que 24 678 bises m'épuiseraient autant ! Et puis, le discours de Grand Chef a été encore plus efficace que n'importe quel
somnifère.
De toute façon, personne ne l'écoutait ! Le laïus sur les statistiques de réussite au brevet, la grippe A, les projets machin, les restrictions budgétaires, n'affole pas mes hormones de prof. Il
faut savoir que la préoccupation la plus importante d'un ensiegnant, le jour de la rentrée, reste son emploi du temps... puis, les classes qu'il partage avec les copains et les copines... et ce
n'est qu'après qu'on peut reprendre nos conversations pédagogiques sur le programme de nos vacances passées, notre bronzage et autres questions existentielles...
Mais, pour qu'on sache bien à quoi s'attendre tout le reste de l'année, nous avons enchaîné réunion sur réunion et là, j'ai cru que j'allais commettre ma première tentative de meurtre officielle
de l'année... parce qu'il ne faut pas croire, à Dinoland, le temps passe, mais rien ne trépasse : les mauvaises habitudes sont là, et pour longtemps. Il y a encore eu une intervention musclée du
délégué syndical et une discussion plus qu'animée sur l'utilisation de l'outil informatique... et oui, on prend les
mêmes que l'année passée, et on recommence. Sauf que moi, cette année, pleine de sagesse, j'étais planquée au fond de la salle avec Monseigneur et j'ai décidé de ne pas intervenir. Dinosaures ils sont, dinosaures ils restent... et sage, je suis
devenue. (mais je n'en pense pas moins, bande de diplodocus !). J'ai même résisté à l'envie d'étrangler une de mes collègues qui a la fâcheuse tendance à penser qu'il n'y a qu'elle, que sa
matière et qu'on devrait tous faire comme elle... ou pas...
Enfin, j'ai retrouvé mes collègues chouchous de l'année passée, on a repris nos habitudes de café au labo à la récréation, et au bar entre midi et deux. Il faut savoir garder certains rituels,
dans sa vie de prof. Cest rassurant.
Et aujourd'hui, je suis rentrée de plein fouet dans le vif du sujet : j'ai fait connaissance avec la classe dont je suis prof principale... et je crois que je ne vais pas m'ennuyer ! Entre le
surexcité qu'il a fallu recadrer tout de suite (lui, je vais lui faire boire de la verveine par hectolitres), les filles à franges qui passent leur temps à se lisser les cheveux (MC, option salon
de beauté), celui qui essaie de fayoter mais qui en fait des tonnes, celle qui se prend pour une vache qui regarde passer les trains avec ses chewing-gum (j'ai une tronche de TGV ?) ou les deux
et demi qui sont au bord du suicide parce qu'ils ne sont pas avec leur meilleur(e) ami(e) de toute la vie, je pense que mon année va être funky. J'en ai même eu un qui est arrivé avec deux heures
de retard... le jour de la pré-rentrée ! Champion du monde ! Toujours est-il qu'ils étaient quand même tout mignons avec leur cartable tout neuf et leurs stylos sensés les aider à avoir de bonnes
notes.
Et moi, j'ai enfilé une nouvelle fois mon costume de prof sérieuse, rigoureuse, carrée... une vraie Dinolandienne, option Chatelaine (oui, Chatelaine signifie aussi fervente admiratrice de notre
cher ministre !)...
Allez, c'est parti.... pour le show ?