Ecran placenta

Publié le 02 septembre 2009 par Dalyna

Elle a tout juste 13 ans, et sa vie est déjà marquée au fer rouge. Elle n’est même pas une adolescente, mais un « accident » de la vie l’a entraînée dans un tourbillon sans fin. A 13 ans, elle accouche seule dans la salle de bains chez ses parents et, probablement dans un élan de panique, tue son bébé à coups de ciseaux. Je lis ce fait divers, et au-delà de la compassion que je ressens pour ces deux pauvres enfants, les dernières lignes de l’article m’interpellent encore plus : « Une autopsie du nouveau-né est prévue ce matin afin de déterminer si le nouveau-né était vivant ou mort-né lorsque la mère lui a donné des coups de ciseaux, et si celle-ci peut ou non être mise en examen pour « homicide ». Vous lisez bien. Voilà une jeune fille qui vient d’avoir 13 ans, dont l’histoire personnelle est déjà dramatique, qui a du souffrir d’une effroyable solitude au cours de ces derniers mois, portant seule un secret terrible, avec la peur et la culpabilité que cela implique, et qui en vient à faire le pire. Sa jeune vie est déjà entachée à tel point que seules des années de psychothérapie pourront éventuellement atténuer sa souffrance à venir. Et la réponse de la justice est d’envisager des poursuites ? Pour homicide en plus ? La vie d’un nouveau-né est aussi sacrée que celle d’un adulte, et le drame qui s’est déroulé ne doit certes pas passer inaperçu. Les faits sont graves. Mais cette jeune fille n’a pas mesuré les conséquences de son geste. C’est plus qu’une mineure, c’est une enfant. Et très franchement, je pense que toutes les peines du monde ne seront pas aussi fortes que la culpabilité et la souffrance qu’elle porte en elle. Alors pourquoi l’accabler davantage ?


Et puis, qui sait si elle n’a pas été cambriolée, euh pardon violée ? Oui parce qu’aujourd’hui, on nous a dit partout dans les médias que c’était du pareil au même. A l’occasion de la hausse des chiffres concernant le cambriolage, on a pu entendre par exemple Christophe Gesset, du syndicat Synergie Officiers, dire sur Europe 1 : « La volonté de souiller, de dominer un appartement peut être comparé à un viol ». Il répondait à une auditrice qui faisait la comparaison elle-même, bien que femme, en évoquant le fait que ses cambrioleurs avaient mis du ketchup sur le mur. Idem sur M6, lors du 12.50, le présentateur lance son sujet sur le cambriolage en affirmant que « Cela peut être vécu comme un viol ». Là, je pense quand même que toutes les personnes qui ont vécu ce drame ont du faire un bond monumental. Que l’on soit choqué car son appartement a été visité, dévasté de ketchup Amora et/ou déçu de perdre des objets à valeur sentimentale est une chose. Mais que l’on compare la souillure d’un mur avec du ketchup à celle qui émane d’un viol sur quelqu’un me dépasse complètement. Cette comparaison était donc plus qu’inappropriée… et même particulièrement choquante. Après la Justice qui veut défendre la sacralité de la vie d’un nourrisson, quitte à en inquiéter une fillette de 13 ans, je suis ravie d’apprendre que le corps humain ne vaut pas plus qu’un écran plasma.