Magazine Journal intime

On a testé une journée avec un masque de protection

Publié le 03 septembre 2009 par Obi3fr

GRIPPE – Et si passer sa journée de travail avec un masque, c’était pire que la grippe.

20 Minutes a reçu mardi son stock de masques FFP2 pour faire face à la pandémie de grippe A(H1N1) qu’on nous promet. Pour l’instant, ils sont sagement rangés dans des cartons, mais bientôt, peut-être, toute l’entreprise devra les porter au boulot. On a tenté l’expérience une journée.

8h30: Dernier bisou à ma moitié dans les couloirs d’Orly. A présent ma bouche est sous scellé, protégée par un bout de tissu bombé. On est parti pour douze heures dans la peau de Donald.

8h31: Mais pourquoi ça pue comme ça à l’intérieur de ce masque?

8h45: Sartre dirait qu’on m’objective. Moi, je dis qu’on me reluque. Et le SDF, devant Orly, qui a gueulé «Tu crèveras pas de la grippe, tu crèveras de ta connerie», je crois bien que c’est à moi qu’il s’adressait. Faut pas que je vire parano, déjà que pour la majorité des gens que je croise, je suis hypocondriaque. Leurs regards méprisants sur le quai du RER semblent me dire «Real Men Don’t Use Mask».

9h02: Ah! Ah! C’est qui l’hypocondriaque? Il a suffi que je tousse bruyamment, que je me tâte le front du revers de la paluche et que je grelotte nonchalamment en lisant mon canard pour que les places autour de moi dans le RER soient désertées. J’adore ce masque, même s’il daube vraiment.

9h51: On ne trouve pas l’essentiel sur le site du gouvernement. Comment je fais, moi, pour fumer? Pas de réponse, j’improvise. Je descends dans la rue, prends une cigarette et… baisse mon masque. FAIL. Si je veux me mettre au safe-work, il faut que j’arrête de cloper. C’est pas gagné.

9h58: Donc, l’odeur nauséabonde dans le masque, c’est mon haleine. Après une clope, pas de doute, c’est ma bouche gâtée qui pourrit depuis ce matin l’air que je respire. Pas glop. Il faut vraiment que j’arrête de cloper.

11h22: Ah oui, le téléphone! Sur la ligne spéciale «grippe», on me répond immédiatement. Après la pause clope, il faut changer de masque si l’on veut faire les choses dans les règles. A chaque manipulation du masque, on risque de l’abimer et de le rendre inefficace. L’employeur doit fournir un nombre de masques suffisant tenant compte des différentes pauses. Ce qui vaut pour la pause nicotine, vaut pour la pause café, pour la pause soda, pour la pause chewing-gum, pour la pause mouchage, pour la pause mordillage de stylo. Je vais ruiner 20 Minutes…

13h10: le repas… Premier constat : à la sandwicherie, discuter avec son collègue, en toussotant, des effets secondaires du Tamiflu fluidifie la file d’attente. Deuxième constat : pour manger il faut poser son masque. Et pour poser son masque sans mettre ses gentils collègues en péril, il faut manger dans une pièce individuelle. Arfff… On n’a pas ça ici. FAIL Bis.

14h: Mon alarme sonne. Parfois, c’est l’heure à laquelle je me lève. Mais là, c’est juste l’heure à laquelle je change de protection. Mon FFP2 neuf ne sent rien. Frais.

14h02: Mon FFP2 pue. Pfffff….

14h45: le guichetier de ma banque se fout de la santé des gens qui passent devant sa porte d’entrée. Pour pénétrer dans son établissement, il faut que je me démasque. FAIL Ter.

17h20: L’enfer, ce n’est plus les autres. C’est tout juste si je fais encore la blague du «t’es sûr que tu veux me serrer la main?» aux amis que je croise. Non, l’enfer c’est le masque. Ca fait mal à l’arrête du nez, ça congestionne le pif et donne envie de se moucher en permanence et… CA GRATTE. Je devrais peut-être essayer sans ma barbe…

19h10: Et quand il pleuvra, ça se passera comment? Je ne suis pas sûr de vouloir savoir. En fait, si on m’oblige à porter en permanence ce masque au taf, je ferai tout pour l’avoir, la grippe. Entre la fièvre et ma mauvaise haleine, je choisis l’arrêt maladie.

Laurent Bainier Source 20Minutes

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