En septembre, c'est toujours le même refrain. Le nouveau bouquin d'Amélie Nothomb, l'achat du cartable, et le renouvellement de la carte imagineR. Et la rentrée des classes qui avait lieu aujourd'hui. Ce grand événement apporte de façon annuelle et inconditionnelle son lot de petites choses qui ont le don de vous ravir. Ou de vous pourrir la vie. Et pour moi, la rentrée coïncida avec mon deuxième jour là où-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom.
Le premier impact sur la vie quotidienne qu'a la rentrée, je l'ai ressenti et vécu à 7h47 exactement, quand en sortant de chez moi j'ai couru après le bus. Parce que après cinq semaines à devoir effectuer le trajet entre le zoo de Vincennes et Saint Mandé Tourelle à pieds, les travaux d'urbanisme-aménagement des bacs de fleurs ont eu le bon gout de se terminer la veille de la rentrée, histoire de permettre à nos chers petiots d'arriver à l'heure à la réunion de rentrée. Et qu'y a t-il de plus représentatif d'une année scolaire que de courir après un bus ?
Durant le trajet qui mène d'un bout à l'autre de Saint Mandé, on croise un collège. Et là, pour ceux qui auraient par bonheur loupé les reportages quotidiens depuis dix jours portant sur le coût de la rentrée, le poids des cartables et l'essayage de jogging, le doute n'est plus permis : c'est la rentrée. Avec une preuve flagrante, le doux son mélodieux produit par un groupe de gamines de quatorze ans, bronzées et brusshinguées à outrance, le dernier modèle de Lancel au creux du coude, et un t-shirt trop hype par dessus un legging (merci, la mode des 80's n'a pas franchi ce côté-ci du périph!) Pour ceux pour quoi cette faune sauvage serait totalement étrangère, laissez moi vous proposer un exemple de leur cri en cette période de rentrée, retranscrit de façon phonétique : "hiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiimachériiiiiiiiii! Cafétropléziiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiir! tatrobronzééééééééééééééééééééééé!!!" Conlusion de cette constatation : l'ado de quatorze ans ne survit que difficilement plus d'un mois loin de la meute, en témoigne ces graves lésions neurologiques.
Pour se rendre de l'autre côté de Paris, le choix RATPien est mince : se taper la ligne 1 d'un bout à l'autre sans broncher, parce que de toute façon c'est ça ou rien. Premier jour de rentrée rime donc avec cartable, pluie et ralentissements dans le métro (aussi sur le périph, mais moi je n'ai pas de voiture, alors je m'en fous) Après un mois d'août de vacances, d'absence de Parisiens dans le métro et d'inexistence d'heure de pointe, les conducteurs ont donc repris leurs bonnes habitudes en rallongeant le temps de trajet de quinze minutes. Ca tombe bien, je trouvais que 6h de sommeil par nuit c'était encore trop dis donc!
Arrivée à Neuilly (la clause ne concernait que le nom de la société et le type d'activité) avec tout de même quinze minutes d'avances, je me suis décidée à visier le quartier et à faire le tour du cimetière. En passant devant l'entrée et ayant la ferme intention de le traverser pour rejoindre la boîte, je fut à deux doigts de me raviser. Devant moi se tenait un spectacle déchirant. Trois jeunes femmes pleurant à chaudes larmes. Troublée à l'idée de passer devant des funérailles de si bon matin, je ralentis le pas. Et fis une découverte. Pour ceux qui ne connaitraient pas non plus la configuration du plan orthonormé de Neuily sur Seine, apprenez que la grille du cimetière fait face à celle d'une école maternelle.
Alors enterrement aux aurores ? Que nenni. Juste l'entrée de leurs chères têtes blondes à l'école. Maintenant une question de la plus haute importance se pose. Quelle était la nature de ces larmes déchirantes ? De l'émotion de voir leur progéniture pénétrer dans le monde des dictées et de la règle de 3 ? Ou le soulagement à l'idée d'avoir 300 jours devant soi sans choses miniatures et collantes dans les pattes ?
Bref, une rentrée bien comme les autres, contre lesquelles on râle, mais qu'on répètera inlassablement dans un an.
Lo, dédicace au magret de canard et fondue de poireaux