Magazine Journal intime

Suisse

Publié le 04 septembre 2009 par Dunia

Crise et paupérisation

Locataires colocataires

Une insomnie m’a tenue en éveil toute la nuit. Elle m’a donné le temps de visionner les rediffusions des émissions d’information que je n’avais pas vues, notamment le Temps Présent d’hier soir dont l’un des sujets concernait la colocation par choix ou nécessité. La majorité des helvètes -66,4%- sommes locataires. En Suisse, comme l’a démontré une étude de l’Université de Genève , pour des raisons de fiscalité -entre autres- l’accès à la propriété reste le privilège des plus aisés.  Contrairement à d’autres pays, la qualité de l’habitat locatif y est excellent.  Malheureusement, dans certaines grandes villes, se loger atteint des prix que des personnes seules ou des familles monoparentales ne peuvent plus payer, ce qui les contraint à partager une colocation. Si certains partagent leur intimité par mode de vie ou pour rompre la solitude, beaucoup de locataires divisent leur petit salon avec un rideau, s’y installent et louent leur chambre par nécessité. Une situation qui peut s’avèrer une amusante école de vie lorsqu’on est un jeune étudiant, mais qui ressemble fort à de la précarité quant on est mère de famille ou que l’on a plus de trente-cinq ans.

Une fois de plus, malgré la météo peu amène de ma ville, j’ai remercié le ciel, l’enfer et le purgatoire de vivre à La Chaux-de-Fonds, une région où les loyers sont encore abordables pour la majorité. Même jeune, j’ai toujours refusé de vivre en colocation. Je m’en sais parfaitement incapable. Je préférerais vivre dans une boîte d’allumette seule plutôt que dans un château avec d’autres. Rêveuse et bordélique comme je suis, avec mon incapacité à tenir un planning ménage à la lettre et ma fâcheuse tendance à m’éparpiller, je serais toujours en bisbille avec mes colocataires. Épuisant. Humiliant. Irritant. Je ne parviendrais jamais à me sentir chez moi. Il me semblerait être continuellement surveillée. De plus, j’ai un grand besoin de solitude pour me ressourcer. Sortir de ma salle de bain en tenue d’Eve, inviter une copine et discuter jusqu’à quatre heures du matin en riant un peu fort, laisser traîner ma vaisselle sale durant deux jours et oublier de passer l’aspirateur une semaine sont un luxe incommensurable. Une nécessité à mon équilibre. Une fois de plus, je mesure à quel point je suis privilégiée. Merci la vie. Merci la ville de La Chaux-de-Fonds.

La Chaux-de-Fonds: immeubles locatifs

Immeuble locatif typique de la ville de La Chaux-de-Fonds.


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