[Daniel]Le billet gagnant !

Publié le 05 septembre 2009 par Sebika

J’avais promis au 500ème commentateur sur ce blog une page blanche en ces lieux… Daniel s’est donc prêté au jeu et nous livre cette très agréable visite du Palais idéal du Facteur Cheval ! J’espère que vous l’apprécierez !

Vue d'ensemble du Palais idéal : la façade Est.

Il faisait gris ce jour là à Lyon. La météo annonçait même de la pluie, voire des orages, annulant nos projets de promenade dans les Monts du Lyonnais. Il fallait donc trouver autre chose à faire. Nous n’avions pas envie de nous enfermer, nous voulions sortir, nous voulions de l’air, mais pas de pluie.
La carte météo de la région indiquait que le temps serait plus clément en Drôme. Nous avions le lieu, restait à trouver l’activité. Je lançais une recherche sur mon moteur de recherche préféré, mais sans même jeter un œil aux résultats, une idée vint s’installer confortablement dans mon esprit : le Palais Idéal du Facteur Cheval.

26 ans que j’habite en différents endroits de la région, 26 ans que j’habite à moins d’une heure trente de ce lieu dont la simple évocation m’amène des images vues sur des dépliants pour touristes ou sur Internet et je n’y suis pourtant jamais allé… et mes accompagnatrices non plus. C’est parti !

Le trajet est simple, pour quelqu’un qui connaît la région. Les indications sont peux nombreuses, je trouve ça étrange. On remarque que jamais un bus ne passe sur la route que l’on a prise. Bien sûr ! nous sommes passés par les petits chemins plutôt que par l’itinéraire conseillé.
Pourquoi chaque fois que je reviens dans cette partie de la Drôme je me retrouve toujours sur les petites routes ? Je ne suis pas le meilleur copilote, mais finalement la route est agréable. On arrive enfin à Hauterives, commune de 1600 âmes qui accueillent toute l’année les curieux venant à la découverte du monument le plus connu de l’architecture naïve.

Le simple mot « palais » fait penser à un bâtiment imposant par ses dimensions, que l’on peut voir de loin. En arrivant sur le parking nous ne vîmes rien d’autre que des arbres et un panneau indiquant la situation du Palais. Je vous rappelle (ou vous l’apprends si vous ne connaissiez pas) que ce palais est l’œuvre d’un seul homme. Alors oui, il n’est pas très haut (douze mètres quand même) et bien caché par les arbres délimitant le terrain que Ferdinand Cheval a acheté en 1869, lors de son affectation à la distribution du courrier pour la commune d’Hauterives et de ses environs. Sa tournée pédestre longue de 32 km lui laissait le temps de rêver à son Palais… qu’il a imaginé, dessiné et détaillé dans sa tête dix ans avant même de commencer à construire son rêve.

Il raconte qu’en avril 1879, il trébucha lors de sa tournée sur une pierre aux formes étranges. Ne voulant pas se mettre en retard, il ramassa alors la pierre et la mit dans son sac afin de l’observer en détail chez lui.

Pierres d'achoppement...

Cette pierre n’était pas seule. En retournant sur le lieu, il en trouva d’autres, beaucoup d’autres. C’est à ce moment qu’il comprit qu’il avait l’occasion de réaliser son rêve, son Palais Idéal. Pendant les 33 années suivantes il ramassa matin et soir ses pierres avec un panier – voire une brouette, ou les transportant sur son dos. Il ramassait les pierres que la nature avait sculptées pour lui.

Quand on arrive sur ce lieu, cent-trente ans après que Cheval ait commencé l’œuvre de sa vie, notre première approche du Palais se fait par la façade Nord. Je comprends que « l’organisation touristique » l’exige, mais c’est la façade Est que Cheval a construite en premier. Il lui aura fallu vingt ans pour la réaliser.
Vous décrire le palais, ses façades, son architecture me semble vain, même les photos que j’avais pu voir avant d’y aller ne donnent pas la mesure du travail, du génie, de la folie de cet homme que personne n’a compris sa vie durant. Et qui serait certainement resté inconnu si André Breton, Pablo Picasso et Max Ernst n’avaient voué une véritable admiration à l’œuvre de ce facteur… qui avait une idée fixe et un véritable besoin d’immortalité.

Il fallut d’ailleurs attendre 1969 avant que le Palais soit enfin classé comme Monument Historique grâce, à André Malraux.

Façade Nord, détail. La terrasse.

Il m’est difficile de décrire ce que j’ai ressenti à la vue de cet étrange hommage à la terre, à la nature, à l’humanité, à Dieu et aux divinités plus exotiques. J’étais à la fois intrigué, étonné, impressionné. Je pense que d’une certaine manière, je me suis pris une grande claque culturo-artistique.

Je ne peux donc que vous conseiller de vous y rendre. Aucun mot ni aucune photo ne peut rendre compte de la force et de l’extravagance de 33 ans de labeur.

-Daniel-

Quant à moi, je tiens à te remercier, Daniel pour cette merveilleuse visite. J’ai envie d’y aller maintenant, c’est malin !!
Je reviens pour ma part très bientôt vous conter mes péripéties.

A très vite !