Qu'est-ce qui fait que certaines personnes, de parfaits inconnus, nous semblent d'emblée sympathiques?
Un film revu cet été m'a donné un début de réponse : "Tendre poulet". Cette délicieuse comédie policière des années 70 avec Philippe Noiret
et Annnie Girardot est un modèle d'actions élégantes et de dialogues ciselés. Normal, elle est réalisée par Philippe de Broca (le génial auteur déjà du CHEF D'OEUVRE de la parodie, "Le magnifique", avec Belmondo en Looser/héro, dont OSS 117 s'est largement inspiré) et signée Michel Audiard pour les
dialogues. C'est dire.
Le récit démarre par la rencontre fortuite des deux personnages principaux à un feu rouge : Annie Girardot, flic pressée, entre dans le solex de Philippe Noiret, prof dans la lune. Il est blessé,
elle l'emmène à la pharmacie du coin, et tandis qu'elle le soutient pour entrer dans la boutique, il la regarde et lui dit cette phrase géniale :
-"On se connaît, non? Vous me rappelez déjà des tas de souvenirs!" Dans le film, en réalité, ils étaient en fac ensemble. Mais cette petite phrase a fait tilt. Parce qu'il y a plein de gens, comme
ça, rencontrés fortuitement, dans la rue, dans le métro, au boulot, qui nous rappellent déjà des tas de souvenirs. Un air de ressemblance avec machin, une couleur de cheveux, une façon de parler,
de s'habiller, qui créent un cousinage immédiat et évident.
Des inconnus parfaits en somme.