Voici le genre d’histoire qui me fait dire que, parfois, la vie est drôle.
Antépénultième jeudi du mois d’août, fin du bouclage au journal. Un rendez-vous mal placé m’avait contrainte de renoncer au déjeuner avec toute la rédaction. Dommage, bougonnai-je en ma barbe en prenant ce concentré de miasmes fétides qu’est le métro par grosse chaleur. Par chance, l’affaire ne dura qu’une demi-heure. Au retour, je pus donc téléphoner pour savoir où était tout le monde. “Dans un resto chinois 2 rue Machinchouette, après la place, viens, nous n’avons pas terminé”. Youpi. Je descends sur le boulevard et là, dilemne : à droite ou à gauche ? Au jugé, je me dis tiens, là-bas à gauche il y a une sorte de place et plein de rues, ça doit être ça. Evidemment, comme toujours en ces cas-là, pas de rue Machinchouette. L’heure avançait, elle, insoucieuse de mon problème d’orientation. Revenue sur le boulevard, je me dis qu’il fallait absolument que je demande à quelqu’un. Mais au mois d’août, les boulangeries sont fermées, tout comme les pharmacies, les marchands de journaux etc. A qui demander ? Qui plus est, je travaille dans un quartier très cosmopolite. Et de toutes façons, c’est partout pareil : trouver quelqu’un qui habite le quartier est aussi improbable que de gagner au loto. Comme si Paris n’était peuplés que de gens qui n’habitent pas là, ou ne sortent de leur bureau que pour aller au métro ou encore des vacanciers qui n’y connaissent que pouic. J’en étais à ce point de mes réflexions quand j’avise une jeune femme… Mue par on ne sait quelle inspiration, je lui demande si, par miracle, elle connaît la rue Machinchouette. “Oh non, je ne suis pas du quartier, mais j’ai ce qu’il vous faut”, me répond-elle avec un air malicieux en ouvrant un formidable plan de Paris. Index des rues, repères de cartes, en un rien de temps, on avait trouvé mon adresse. J’étais héberluée d’avoir mis la main sur la seule personne sur des millions à avoir justement un plan de Paris avec elle. “Oui, c’est rigolo, n’est-ce pas ?… Je cherche un appartement, alors j’arpente les rues avec mes cartes pour me repérer !” Nous nous saluâmes avec force rire et je courrus manger un rouleau de printemps avec mes confrères.