Pourtant, c'est un bulot banal : il a un ... travail. Il n'a pas de famille, mais Butch lui tient chaud, ça compte un peu, et il paie même des impôts. Sur absolument tout ce qu'il fait. C'est bien fait, après tout, le bulot est communiste. Lui, ce qu'il veut, avec son petit crâne rasé de minion de Röhm, c'est s'intégrer, mener une vie normale et taper sur les autres pauvres, comme tous les communistes. Il n'est pas foncièrement mauvais, il ne se bat pas tous les jours avec des petits FAF, il a toujours su éviter la garde à vue, et faire croire qu'il est respectueux des règles de la vie en société...
Pourquoi tant de haine ?
Pourquoi tous ces gens qui le regardent avec de la colère dans les yeux ? Pourquoi ces injures, ces crachats, pourquoi quand on lit les journaux, on l'accuse comme ça de tous les maux ?...
Il souffre. Discrètement, en silence, sans oser exposer sa douleur...
Le petit Thierry.
"Actuellement, il a plutôt le blues. Constamment moqué par le spoof qui le fait passer pour un facho, ce qu'il a bien du mal à nier, il en est maintenant à pleurnicher qu'il veut en réalité faire un monde moins méchant alors qu'il est surtout parti pour nous faire une petite dépression. Et puis son objectif de changer de taf semble de plus en plus compromis depuis qu'on lui demande des certificats de bonnes mœurs. Il carbure au diazépam..."
C'est dégueulasse. C'est dégueulasse de désigner des gens de cette façon à la vindicte publique. Mais où va-t-on, je vous le demande ? Va-t-on bientôt voir des dénonciations anonymes comme aux Zeures Les PluZombres De Notre Histoire ? On peut craindre que l'étape suivante ne soit l'obligation de porter un écusson avec "facho" cousu dessus...
"À plus de 36 ans, Thierry a bien du mal à voir les 1700 euros bruts par mois de salaire fixe. Les bonnes années, son bonus pouvait atteindre deux boîtes de chocolats et un petit sac de pâtes de fruits. Une rallonge plus que confortable, qui lui permettait de filer une indigestion à Butch."
Ces chiffres cachent mal la profonde détresse de cet avorton. Qui reste un être digne des plus viles moqueries malgré tout et fait preuve de gestes bouleversants d'imbécilité envers la société.
«On peut être amer, quand on est le Gauchiste le plus raillé de la Bobosphère, d'apprendre que d'autres s'en tirent nettement mieux que soi».
Spolié. Humilié jusque dans son métier. Ce cynisme glace le sang.
«Alors que le moral commençait à revenir après des vacances dans un camping pas trop humide, il est de nouveau très inquiet de ce qui va sortir de tout ça. Il y a eu des plans sociaux partout. Il se demande maintenant s'il va pouvoir continuer à travailler à Toulouse..."
La honteuse menace de l'exode plane. Mais que faire d'autre quand on n'est plus les bienvenus dans ce pays pour lequel, pourtant, on a le sentiment d'avoir tant fait ?...
"Cet engagement politique, ce n'est pas seulement des fessées à Port-Leucate. C'est aussi des journées de quinze heures où, quand vous rentrez chez vous, vous relisez les tracts baveux des camarades et surveillez Wikio sur votre Plackard-Poubell acheté à crédit. Vous vous levez à trois heures du mat' pour voir ce que fait Butch dans les toilettes..."
L'exploitation la plus ignoble, les conditions de travail les plus dégradées et dégradantes, l'obligation de courber la nuque et de se taire...comment, mais comment peut-on faire ça à un être hum ... pardon, un bulot ?
Bien.
Cessons ici l'ironie, voulez-vous ?
Parce qu'au bout d'un moment - et qui plus est d'un moment très bref -, ce genre de choses ne sont plus amusantes. Du tout.
Les parasites de la société, les abrutis irresponsables qui nous ont tous bien mis dans la merde, la caste d'inutiles nuisibles et arrogants sur-syndiqués qui passent leur temps à faire la grève avec un argent qui n'est pas le leur, ce type qui dans une société normale ne devrait même pas exister, ose, sans pudeur ni retenue, ose se plaindre et tenir la même rhétorique de merde que les petits fachos dont il veut absolument se démarquer.
Ouin ouin ouin, personne ne m'aime, bouh bouh bouh.
Il ne produit rien. N'a aucun apport concret et bénéfique au monde qui l'entoure. Il est gavé de sa propre importance. Et s'imagine qu'on éprouverait vaguement plus que la pitié à son égard.
Et en plus il voudrait qu'on l'aime...
Ouuuuuhhhhh...
Mais c'est que ça pourrait presque rendre moqueur, vous savez...