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Géométrie d’un rêve. 1ère hypothèse.

Publié le 06 septembre 2009 par Sophielucide

Page 65. «  Comment naît un roman, comment l’idée de Tallboy m’est-elle venue ? C’est une question sans réponse avérée : le chaos précède forcement la Genèse. Mais je n’ai pas oublié mes déambulations sur les plages du débarquement. Sans Fedora. Pendant ces heures  amères où je me torturais l’esprit à chercher une solution. J’avais connu sur cette terre l’abandon, l’exil et la dépossession, la détention, le deuil imparable de soi, tout ce qui marque un homme de cette blessure interne, empreinte en creux d’un néant universel. Ne vivant plus alors que d’expédients, droits d’auteur inclus, sans famille ni liens matériels hormis l’Alfa Roméo qui me servait à l’occasion de refuge nocturne, je rêvais d’écrire un grand roman, une histoire vraiment humaine et forte qui rassemblât les illuminations et les convulsions du siècle dans un destin bref, sorte d’équipée solitaire à travers la pire adversité…/… »

Comment vivre avec un fantôme de roman qui hante vos nuits peuplées d’ écrits ? Je  me réveillais chaque matin par une phrase parfaite aussitôt évaporée ou engloutie, me faisant peu à peu perdre l’appétit. A peine sucrais-je mon café par la réminiscence d’un mot surgi au hasard, vestige futile mais preuve fatale d’un nécessaire oubli.

Hypothèse 1 : La double consonne de  son nom et prénom résonne déjà comme une inspiration. Double H. Arme ancestrale qu’il fallait manœuvrer, j’imagine, avec une grande dextérité sous peine de s’entailler un membre. Hacher mes mots laborieusement tandis que les siens coulent d’une source si pure qu’elle trouble en enivrant ma terrible ambition que je m’obstinais confusément à nier en tirant de larges bouffées de mes cigarettes fourrées.  Je conservais au maximum  la fumée tapissant mes poumons que je voyais gonfler telles les voiles d’une fragile felouque prête à remonter le Nil.

Le vent ne manque pas pourtant. Il souffle sans répit ici. Crée des soubresauts anarchiques et infernaux jusqu’aux recoins qu’on pensait protégés.  Il s’engouffre partout, sème la confusion, apitoie les esprits, exacerbe les passions en rappelant à tout moment qu’il  demeure le seul régisseur.  Il peut en un rien de temps changer le paysage, remodeler le ciel, effacer les nuages ou les amonceler, balayer les humeurs, ratisser les élans.

Au jeu des ombres et de la lumière, il gouverne.  Le vent se suffit à lui-même. C’est peut-être la raison pour laquelle on répète volontiers qu’il rend fou…

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