Journal du silence IV (récit)

Publié le 06 septembre 2009 par Lephauste

D'abord, les dogues ont pas voulut monter, ça schlinguait trop, ils avaient la truffe en surchauffe, la catalogue dégoulinant de pestilences variées. Des truc impalpables qu'ils arrivaient pas à reconnaître, entre le pissat de chat sous prozac et le tri sélectif remixé par un Dj' de Narvalo les bains. Je suis redescendu du premier pour leur redonner un peu confiance dans la civilisation. Viens space ! T'as rien à craindre, t'évite juste les étuis de néocodion, les trucs là, tout visqueux, c'est des capotes, et là attention ! Non Défi, pas toucher ! La chienne gémissait devant un sac plastique noué, d'où sortait une petite main, toute bleue. Bon vous faites quoi ? L'autre se démontait pas, l'extrème sensibilité des bêtes lui faisait ni chaud ni froid. Le rendement avant tout, le traumatisme ensuite. Je pris les deux par le collier et leur flattant l'amnésie, qui chez le chien se situe sous la mâchoir inférieure, je leur fit franchir le petit musée des horreurs en leur racontant comment c'était l'Argentine. Alors vous voyez, la Pampa, par exemple, c'est comme si jamais personne y avait mis les pieds, y a rien que des vaches et des pumas, et puis aussi le soleil, un soleil à vous faire pêter le coeur de joie, et puis le pluie aussi, et des nuages, et de l'herbe bien grasse, et parfois un général en Ray Ban, mais pas tous les jours hein, juste de temps en temps quand les vaches elles veulent plus manger de l'herbe et que les pumas veulent plus manger que de la vache. Là, Space, le costaud mélancolique s'arrêta net me lança un de ses regards en coin : Ça va ! Ça va ! On y va ! Aller viens maman, sinon y va finir par nous raconter qu'en Argentine c'est les dogues qui tirent le traîneau du pére Noël. C'est vrai que t'es poète toi, grogna t-il.

Un vacarme que ça faisait au premier, on arrivait. Mon pote savatait la lourde vert pomme de l'appart' à feue sa maman. Mais tu fous quoi ? J'ai laissé les clés chez toi, t'inquiète je vais pas la réveiller. Il avait posé la cafetière sur le paillasson où il était écrit "Bienvenue chez les ch'tites". Je croyais que ton père venait du Berry ? Oui mais il y est repartit quand j'avais moins neuf mois et ma mère à jamais eu les moyens de m'emmener au cinéma. La lourde céda, les verrous volèrent, les vis et le bois fusèrent en cure-dents transformés en armes par destination. Space et Défi tremblaient comme Hanse let Gretel, dans le conte de Walt Von Disney. A l'intérieur la télé tournait à plein régime : Vous voyez inspecteur, je crois que nous avons affaire à un crime passionnel ! A qui le dites vous monsieur le commissaire, que dit l'expertise balistique ? Que la victime était sans âge et qu'elle est morte étouffée par son Poulpe domestique, à 17h59, très exactement. Les traces de ventouse dans la cuvette du bidet sont une preuve accablante, ne trouvez vous pas ? Certes, mais alors pourquoi Le fils présumé de la victime hors d'usage à présent, a-t-il rapporté le DVD des aventures du calamar géant au vidéo club à 17h58 ? La vie est pleine de mystères, mon cher Ami. Ah commissaire vous êtes un As!

La mère à mon pote gisait dans une flaque de poulet vermicelles, au pied de la table de salle à manger. Le couvert était mis, deux assiettes, deux verres à moutarde sur lesquels on pouvait voir des images de Winnie l'ours'con, deux ronds de serviette en bois scluptés aux armes de la famille à mon pote. En gros et en caractères gothiques : Famille Monpote. Les petits chiens, sans qu'on leur ait rien demandé commencèrent à lêcher la soupe autour du cadavre. Pas con ! Fallait effacer les traces. L'autre enjambait tout ça, si je faisais un café ? Bonne idée, je dis. On a du taf, va falloir découper, débiter, dénerver, désosser, scier, éviscérer et tous ces machins qu'il faut faire, car comme la patronne le disait tout le temps, en versant la tambouille dans la gamelle à les chiens, silence la patronne parle : Tu voiiiiiiiis, faut leuuuuuur y mettre en petiiiiiiiits morceaux ! Sinon, c'est l'occlusion intestinaaaaaaale. Ca c'était pour les jours où elle taillait avec son boxeur, un type magnifique, j'vous jure, et que c'était moi qui refilais la bectance. Elle était croque de ses manières rafinées à son cogneur, raide dingue. Moi ... silence again ! La patronne a encore un truc à dire ! Moi tu vois j'suis Rn'Beeeeeeeee ! C'est vrai qu''elle avait un côté abeille la patronne, une pure gonzesse je vous dis. Une de ces beautés qu'avait tout ravagé de Kabool à Istambool. T'avais qu'à voir ses mouflets, faits au moule, avec le monde entier.

On a bu un café en finissant un paquet de chips qui traînaient sur le canapé, les dogues ont fait disparaître les miettes, si ça continuait comme ça ils allaient plus avoir d'appétit pour le plat de résistance. La scie, les couteaux, les gants de chantier et deux combinaisons de peintre en bâtiment, il avait tout sortit du cagibi, monsieur Monpote, le dernier du nom, puisque son père s'était aussi taillé avec le nom de famille, le sien, qu'il avait d'après ce que l'autre en savait, filer à une chiée de petites raclures qui squattaient les cellules d'une prison, entre Bourges et Chateauroux. Et c'est en salivant sur la dernière chips que je m'y mis, à la scie.

Extrait du journal du silence :

Pourquoi faut-il donc que nous leur emplissions le crâne d'un tas de conseils avisés ? Pourquoi faut-il qu'on les enseigne à toute fin, dès le début presque, les enfants ? Qu'on leur fasse bien comprendre à quel point il est important d'écouter sans faiblir, toute la savante engeance de ce qu'il faut apprendre pour bien vivre, bien profiter, jouir bien frustré, servir, servir, servir !

Tiens oui, j'y dis à l'autre qui en finissait avec les abats, tu me feras penser aussi à ramasser quelques points d'interrogation en passant devant la déchett'. Des d'exclamation aussi. Scie donc ! Qu'il me répondit.