Chose promise, chose due. Pour remplacer nos trois rubriques quotidiennes trop tôt disparues, voici une nouvelle rubrique, hebdomadaire cette fois, et qui sera alimentée à tour de rôle par l'un de nous trois... Comme d'hab, chacun parle de ce qu'il veut.
L'autre jour je faisais mes courses chez Leclerc (oui, je sais, j'ai une vie exaltante). Je déambulais dans le rayon "Vins", à la recherche du précieux breuvage qui allait m'aider à voir la vie en rose (enfin, plutôt en rouge. Et qui tache), lorsque je suis tombé en arrêt devant une bouteille dont l'étiquette indiquait : "Terre d'aumes - Découvert par Johnny Hallyday" (*). Au dos, le distributeur du vin : "Hallyday Wines Diffusion". Illico, j'imaginais la scène : une longue route rectiligne, une moto qui surgit dans un horizon rendu flou par la chaleur. La moto s'arrête devant un rade perdu, fait d'un assemblage improbable de planches et de tôles. Le chanteur-acteur-vendeur de lunettes préféré des Français (voyons, où ai-je rangé ma demande de dénaturalisation ?) met santiag à terre. Il porte un long cache-poussière recouvert de poussière (pourquoi ça s'appelle comme ça, alors ?). Il entre dans le bar d'un pas fatigué. Derrière le comptoir, un Mexicain aux cheveux gras s'affaire à laver des verres. Dans un coin, un joueur de banjo joue du ukulélé, couvrant à peine le couinement du ventilateur qui tente de brasser l'air moite. - Un pichet de ton meilleur vin, l'ami, commande Johnny Hallyday dans un américain digne du remake croate de "Un chien andalou". Il s'assied sur une chaise en bois qui réagit dans un craquement outré. - Tout dé souite, senor, répond le Mexicain.
Il dépose prestement sur la table un pichet ébréché en terre cuite, confectionné par sa vieille grand-mère, là-bas au village. Johnny se sert, boit une gorgée, la garde en bouche quelques secondes avant de l'avaler.
- Hmm, il est bon, ton vin, l'ami. C'est quoi ?
- C'est dou vin Terra d'aoumès, senor.
- Si tu veux, l'ami, toi et moi nous serons riches. Enfin, surtout moi...
Une annonce au micro annonçant une promotion sur les radis en bottes au rayon "Primeurs" m'a ramené à la réalité. Mais la conclusion de l'histoire, elle était là, devant moi, matérialisée par ces bouteilles bien alignées. Bon, c'est gentil, hein, de vouloir nous aider à améliorer notre quotidien de quidam moyen, mais moi, mon pinard, j'aime autant me le choisir tout seul. Qui oserait servir à table à ses amis un vin avec "Johnny Hallyday" écrit en gros sur l'étiquette ? Pourquoi ne pas manger en écoutant "Paroles d'hommes", tant qu'on y est (purée, avec tout ça, je ne sais plus si le titre de son album, ce n'est pas plutôt "Paroles d'aumes") ? Un peu agaçante, cette manie des stars de toucher à tout. Notre blond peroxydé, il ferait mieux d'aller le faire, son concert à La Réunion. En plus, à son âge, il est certainement immunisé contre la grippe.
Sinon, Sim est décédé hier. J'ai le droit d'en parler ici, puisqu'il a chanté "Quoi ma gueule". Quand les ados vont lire l'annonce de sa mort dans les journaux, ils vont croire que c'était l'inventeur de la carte qu'ils ont dans leur téléphone...
Allez, une petite citation de ce personnage au physique particulier : "Il y a des dames si moches que ça devient excitant quand elles se rhabillent"... *Non, tas de moqueurs irrespectueux. N'allez pas imaginer que c'est Johnny qui a écrit "Terre d'aumes" à la place de "Terre d'hommes"...