Parce qu'on n'est pas tous les jours inspirée par les Dieux ...

Publié le 07 septembre 2009 par Jess_kelig
Pas toujours l'inspiration d'écrire un article alors, pour ne pas vous délaisser et pour vous faire patienter jusqu'à mercredi pour une autre page du roman (comme si vous n'attendiez que ça oui oui !), voici une nouvelle écrite il y a quelques mois de cela (ok c'est pas comme d'habitude une petite critique mais c'est mon blog et je fais ce que je veux hein !). En total exclu mondiale ! A mercredi !

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ROSE

Allongée sur leur lit, le visage enfoncé dans la couette, elle se libère. Une mèche de cheveux dans ses mains, seuls ses sanglots montrent qu'elle est encore vivante. L'amas blond éparpillé, semé du sol sur l'oreiller, Rose pleure. Sa respiration est difficile, elle s'étouffe de temps à autre quand trop de larmes s'en mêlent. Elle s'arrête pour inspirer profondément, se mouche et sa crise reprend sitôt ce rituel achevé. Elle ne comprends pas. Elle ne sait pas comment elle en est arrivée là. L'hystérie la pénètre, ses doigts prennent position sur sa tête. Rose a mal. Rose veut se faire plus de mal. Elle s'arrache une nouvelle mèche, puis une autre, les jette à terre rejoindre leurs consoeurs. Elle se griffe, elle hurle, se cogne la tête et les poings contre le mur. Jusqu'où peut-elle aller dans la violence, elle n'en sait rien. Elle veut tester ses limites et se sentir vivante tout en ayant l'impression qu'elle va crever.
 

Elle avait toujours rêver de sa vie de grande. Petite, elle avait dessiné son prince charmant, lui qui viendrait sur son beau cheval blanc l'emmener au loin, loin de sa misère et des cris. Ensemble, ils bâtiraient un havre de paix où rien ne viendrait les troubler. Rose a grandi. IL est enfin arrivé. Comme elle l'avait espéré, il l'a emporté au loin. Les premières années ont été merveilleuses. Rose vivait. Rose riait. Ils se sont appris, apprivoisés. Ils ont grandis et évolués. L'un avec l'autre. Et finalement, l'un sans l'autre. Peu à peu, son sourire omniprésent à commencer à s'amenuiser. Ses lèvres ne faisaient plus transparaître cette joie permanente. Puis, un jour, son sourire à disparu. Son rire, cascade cristalline qui résonnait du lever au coucher, s'est raréfié. Elle ne s'amusait plus autant. Finalement, elle ne s'est plus amusée du tout. Mais elle restait. L'amour était là. Tant pis si quelques changements se produisaient. Puis l'amour aussi a foutu le camp, la laissant désemparée. Prince charmant n'était plus ce qu'il était. Peu importe. Elle avait choisi cette vie. Rose se transforma. Elle perdit de son charme, de sa beauté. Les années passaient et sa jeunesse s'en allait. Rose fana. Rose s'acheva. Elle prenait conscience de son sacrifice pendant toutes ces années. Elle avait, au nom de l'amour, laissé sa vie lui échapper, perdre tout contrôle. Elle s'était elle-même perdue un jour. Probablement au coin d'une rue entre le supermarché et la maison. Elle avait cessé d'être pour devenir ce qu'il attendait d'elle. Rose l'admira, lui donna son temps, sa vie et sa jeunesse. C'était comme ça et pas autrement. L'amour sans concessions du moins de son côté à lui. Elle devient son esclave, sa chose à disposition quand il avait besoin de se changer les idées. Le reste du temps, elle attendait. Au début, elle avait tenté de se révolter, puis elle avait accepté. Elle était pressée qu'il s'intéressa enfin à elle. Elle redoublait de gestes, de tendresse pour qu'il comprenne qu'elle valait mieux que ce qui lui accordait. Rose finit par se lasser quand elle vit qu'au fil des mois et des mois, rien ne changeait. Rose était patiente maintenant. Elle se tenait toujours dans le coin de la pièce où lui se trouvait, comme une ombre fuyante, elle le suivait, prête à être manipulée. Rose avait perdu ses épines et son coeur à nu était la cible de toutes les blessures que lui pouvait lui infliger. Elle lui trouvait des excuses, elle compatit. Elle s'accabla pensant être un bourreau. Rose se mentit. Jusqu'à ce jour, elle lui avait tout cédé. Elle n'avait plus rien de nouveau à lui donner. Son corps, son âme, son amour, sa vie, lui appartenaient. Que pouvait-elle encore lui proposer ? Il en avait usé et abusé, prétextant que c'était son rôle à elle et que les choses ne bougeraient jamais.
 

Rose ce soir là tenta une approche, une diversion des habitudes de son mari pour une soirée romantique. Un peu de changement, pensait-elle, ne fera pas de mal. Je vais le surprendre. Quand il rentra, elle l'accueillit avec un entrain qu'elle avait longtemps perdu, mais qui renaissait de la volonté de lui faire plaisir. Plaisir à elle aussi. Lui, la rembroua, lui assénant qu'il avait encore du travail et des choses importantes à faire. Et elle ? N'était-elle donc pas importante ? Elle fit une nouvelle tentative pour l'intéressé mais elle reçut encore un plus mauvais accueil. "Ne comprendras-tu donc jamais que j'ai besoin de m'occuper de moi et de mon avenir ?" lui rétorqua-t-il. Il l'attrapa violemment et la flanqua hors de la pièce. C'était la première fois qu'il se comportait ainsi. Rose resta figée devant la porte, tremblante, choquée, surprise. Elle demeura ainsi pendant une dizaine de minutes avant que son corps puisse lui donner l'ordre de se mouvoir. Quand elle retrouva sa motricité, son coeur perçut l'information avec d'autant plus de force que son cerveau la capta aussi au même moment. Il y eu court-circuit. Son mental surchauffa. C'était trop. Rose tomba à genoux en hurlant. Elle libéra ses larmes depuis longtemps réprimées. Elle continua de hurler, ça faisait tellement de bien. Elle cria, cria à s'en briser la voix. Il accourut et là trouvant dans une telle position, cela le rendit fou. Il la releva brutalement et la traîna dans leur chambre. Rose le frappa, elle lui donnait des coups aussi forts qu'elle le pouvait avec ses tous petits poings. Il la jeta sur leur lit. Elle s'accrocha à lui et il lui donna une gifle. "Calme toi espèce de folle ! Tu as complètement perdu les pédales !". Rose se débattait, elle l'attrapa à la gorge et essaya de l'étrangler. Il la repoussa et cette fois, c'est lui qui saisit son cou. Il serra, serra. Encore et encore. Rose criait toujours. Elle lui griffait le visage, voulait faire autant de mal à son bourreau qu'il lui en avait fait en 30 ans. Elle s'agitait dans tous les sens et l'étreinte se resserrait d'autant plus. Sa main cogna contre sa table de chevet. La lampe. Elle la sentait. Du bout des doigts elle tenta de la rapprocher pour arriver à s'en saisir pleinement. Rose n'avait plus la force de crier, elle pouvait à peine respirer. Elle savait que la vie s'en allait et,  d'un côté, ça la rendait gaie. L'instinct de survie prit le dessus. Son bras se leva et la lampe alla s'écraser contre la tête de son mari. Il fut surpris et la lâcha aussitôt pour se toucher le crâne. Rose toussa, cracha et reprit son attaque. Elle frappa plus fort cette fois. Il vacilla. Elle cogna encore et encore et encore. Il s'était écroulé sur le plancher depuis plusieurs minutes qu'elle le tapait encore. Epuisée, elle s'arrêta. Tomba. Elle regarda le corps mort de celui qui fut son prince charmant et l'hystérie la reprit. Elle hurla, s'arracha les cheveux, pleura la perte de celui qu'elle avait aimé. Yeux levé au ciel, elle supplia "Pourquoi ? Mais pourquoi ?" ne comprenant pas comment un si beau conte de fée avait pu s'achever ainsi. La fatigue l'emporta, elle s'effondra sur la couette. A son réveil, elle recommença à pleurer et à s'arracher les cheveux. Les mains pleines de sang, elle frotta son visage qu'elle entreprit de frapper contre le mur. Ses poings martelaient le béton. Elle se cassa des doigts et la douleur la fit crier de plus belle. Maintenant sa tête saignait aussi. Elle prit son élan et l'écrasa un grand coup contre la tapisserie. Le choc la fit basculer en arrière. Rose perdit ses derniers pétales dans les secondes qui suivirent.