03 - Les crépuscules des dogmes (1)

Publié le 08 septembre 2009 par Collectif Des 12 Singes

03 - Les crépuscules des dogmes

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L’esprit de changement, de Révolution, est intrinsèque à l’humain : l’herbe est toujours plus verte dans le champ du voisin, donc il faut changer ses méthodes pour être meilleur !
Même si, malheureusement, l’être humain n’est pas naturellement bon (comme tous les autres animaux, qui ne connaissent d’ailleurs pas cette notion), qu’il a besoin de valeurs de vie en société (mais aussi donc d’institutions pour régler les problèmes, mais non hiérarchisées – d’égal à égal), il n’est pas prêt à abandonner sa Liberté. Ainsi, tout système politique (qui gère la cité) ne peut abuser des contraintes imposées aux humains très longtemps. La gestion humaine est un art du compromis de chacun pour vivre en société ; mais lorsque les compromis deviennent compromettants pour le Respect de sa dignité humaine, « l’Insurrection est pour le Peuple, et pour chaque portion du Peuple (les individus), le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs. Un Peuple a toujours le droit de revoir, de réformer et de changer sa constitution. Une génération ne peut être assujetti aux lois des générations précédentes » (Constitution Française).


Ainsi, vers -2200 de l’autre ère, la première grande Révolution Sociale se produisit en Égypte : « La Sublime salle de justice, ses écritures sont enlevées, les places secrètes sont divulguées. Les formules magiques sont divulguées et deviennent inefficaces, parce que les humainss les ont dans leur mémoire. Les offices publics sont ouverts ; leurs déclarations (titres de propriété) sont enlevés ; malheur à moi, pour la tristesse de ce temps !... Voyez donc : des choses arrivent qui n’étaient jamais advenues dans le passé : le roi est enlevé par les pauvres... Ce que cachait la pyramide est maintenant vide. Quelques hommes sans foi ni loi ont dépouillé le pays de la royauté. Ils en sont venus à se Révolter contre l’Uraeus (cobra dressé, symbole de la royauté) qui défend Râ (dieu du Soleil) et pacifie les Deux Terres (Haute et Basse Egypte)... Les pauvres du pays sont devenus riches, tandis que les propriétaires n’ont plus rien. Celui qui n’avait rien devient maître de trésors et les grands le flattent. Voyez ce qui arrive parmi les humains : celui qui ne pouvait se bâtir une chambre, possède maintenant des (domaines ceints de) murs. Les grands sont (employés) dans les magasins. Celui qui n’avait pas un mur pour (abriter) son sommeil est propriétaire d’un lit. Celui qui ne pouvait se mettre à l’ombre possède maintenant l’ombre ; ceux qui avaient l’ombre sont exposés aux vents de tempête. Celui qui ne s’était jamais fabriqué une barque a maintenant des navires ; leur (ancien) propriétaire les regarde, mais ils ne sont plus à lui. Celui qui n’avait pas une paire de bœufs possède des troupeaux ; celui qui n’avait pas un pain à lui devient propriétaire d’une grange ; mais son grenier est approvisionné avec le bien d’un autre... Les pauvres possèdent les richesses; celui qui ne s’était jamais fait de souliers a maintenant des choses précieuses. Ceux qui possédaient des habits sont en guenilles ; mais celui qui n’avait jamais tissé pour lui-même a maintenant de fines toiles. Celui qui ne savait rien de la lyre possède maintenant une harpe ; celui devant qui on n’avait jamais chanté, il invoque la déesse des chansons... La femme qui n’avait même pas une boîte a maintenant une armoire. Celle qui mirait son visage dans l’eau possède un miroir de bronze... Les esclaves (femmes) parlent tout à leur aise, et, quand leurs maîtresses parlent, les serviteurs ont du mal à le supporter. L’or, le lapis, l’argent, la malachite, les cornalines, le bronze, le marbre... parent maintenant le cou des esclaves. Le luxe court le pays; mais les maîtresses de maison disent : « Ah ! si nous avions quelque chose à manger ». Les nobles dames en arrivent à avoir faim, tandis que les bouchers se rassasient de ce qu’ils préparaient pour elles ; celui qui couchait sans femme, par pauvreté, trouve maintenant de nobles dames. Le fils d’un homme de qualité ne se reconnaît plus parmi d’autres : le fils de la maîtresse devient fils de servante... » (selon les Admonitions d’un vieux sage, du scribe Ipuwer). En effet, à la faveur des troubles qui marquent la fin de l’Ancien Empire, les interdits religieux ne sont plus respectés, et la richesse change de mains. Le pharaon et les possédants furent destitués de leurs privilèges. Les rapports de propriété furent abolis.
Au bout d´une trentaine d’années, cette première tentative Révolutionnaire pour établir une société où les travailleurs et les paysans se gouvernent eux-mêmes échoua. Il faudra attendre des siècles pour que d´autres Révolutions permettent de nouveau aux travailleurs et aux paysans de pouvoir récolter et maîtriser le fruit de leur labeur.