Humeurs

Publié le 08 septembre 2009 par Dunia

Jeunes

La violence du Rien

Il avait vingt ans. Il est mort poignardé à Lausanne . Son regard aurait manqué de respect à deux jeunes mineurs. Pour lui apprendre le respect ils l’ont tué. Révoltant. La Suisse s’émeut. Le peuple réclame des peines dures. Je comprends. Tout comme je comprends l’infini mal-être qui conduit à ce genre de geste. Quand on a l’impression qu’on est rien, quand on a la sensation que le monde entier nous crache à la gueule, le moindre regard devient une agression. J’ai déjà éprouvé ce sentiment. Souvent. Trop. Trop souvent j’ai eu des envies de meurtre. Pourtant j’étais une fille bien élevée, éduquée dans un milieu non violent.

A la gare de Bex, un policier s’est fait tabasser par deux jeunes qui ne voulaient pas payer leur billet de train.

De la violence à fleur de rue. On accuse les jeux vidéos. Foutaises. La crise, l’impossibilité des jeunes en rupture scolaire -idem pour ceux bien intégrés à l’école d’ailleurs- à clairement concevoir leur avenir, me semble davantage source de violence que les jeux vidéos. Les connards de psys, de politiciens de tous bords et les petits bourgeois débiles, me sortent de mes gongs avec leurs théories fumeuses. Que savent-ils de la colère? Du sentiment que la vie nous écrase au rouleau compresseur. Rien. Rien du tout. Leur chair ignore la rage qu’induit le sentiment de n’être RIEN! D’être considéré moins que RIEN. Moins qu’une MERDE! Moins qu’une BACTÉRIE parmi d’autres à se nourrir de ladite MERDE. Par couches successives la colère s’accumule jusqu’à l’explosion. Moi, j’ai écrit Swiss trash . D’autres dansent, peignent, graffent les murs, s’absorbent dans le travail, se dépensent dans le sport, s’adonnent au sexe ou à la collection de timbres. Nous n’avons pas tous les mêmes ressources. Beaucoup manquent de bases stables pour se ressaisir. Ignorent comment transformer une énergie négative en énergie positive. Encore moins dans une société où la réussite se mesure au compte en banque. Certains -les filles en particulier- s’automutilent. D’autres boivent ou se droguent. Se suicident. Une minorité -qui parfois aussi boit ou se drogue- retourne sa colère envers autrui. Les adultes envers leur chien, leur femme,  leur mari ou enfants. Les mineurs envers leurs camarades de classe, les jeunes du quartier d’à côté où des inconnus croisés dans la rue. Pour un regard mal placé ou interprété comme tel, pour une parole de travers, ils cognent. Ils tuent.

Tuer. La colère tue. Le sentiment d’impuissance tue. Nous sommes tous capables de tuer. La preuve: impuissant, le bon peuple en colère est toujours prêt à réclamer la peine de mort. Le lynchage. La torture. A défaut, parce que des lois protègent les méchants, l’enfermement à vie sans jugement, ni compréhension.

Ceux qui réclament le durcissement des peines de prisons là où il faudrait une proposition d’avenir me retournent l’estomac. Les petits cons qui expriment leur colère en frappant, en tuant, en jetant l’opprobre, la suspicion sur tous les jeunes, en particulier sur les étrangers puisqu’en l’occurence les agressions citées ci-dessus ont été commises par des personnes issues de communautés étrangères, m’indisposent à en vomir. Envie de les effacer tous d’un coup de torchon puisque je m’interdis l’envie de tuer.

Y’a pas quelqu’un dans la salle qui aurait une planète rien que pour moi?

Hématome.