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Je ne demandais pas mon reste et quittais la chambre immédiatement. Je passais dans la mitoyenne, récupérais en vitesse le peu
d'affaires qui m’y restait et sortais de l'immeuble.
Je me retrouvais de bon matin avec un sac poubelle constituant mon seul bagage. Plus d'argent, plus de toit, plus de boulot. Ma mission s’était achevée la nuit précédente. Je me souvins du
musicien et de son offre. J'y allais au culot.
« Salut. Ecoute je ne vais pas y aller par quatre chemins. Je suis à la rue, j'ai plus de taf. Tu pourrais m'héberger
quelque temps ? »
« Pas de problème. Tu seras ici chez toi. »
Un peu plus tard, il me montrait le studio qu'il louait. Etriqué, minuscule. Mais c'était un toit. Aussi bordélique que
l'était devenu l'appartement qui avait été pourtant luxueux à mon arrivée. Il me sortit un petit matelas gonflable qui s’avéra quelque peu usé quand nous essayâmes de lui donner une forme.
« Ecoute pour ton problème de boulot, j'ai peut être quelque chose à te proposer. Enfin ça dépend ce que tu as envie de
faire. »
« Je prends tout, j'ai trop besoin d'argent. »
« Dans le pub où on joue, j'ai vu qu'ils cherchent une serveuse. Si ça te dis, vas y faire un tour. Dis leur que tu viens de ma part. »
Il me donna l'adresse et je partais aussitôt. Le pub ouvrait en début de soirée pour toute la nuit. La perspective de toucher un salaire me permettant d’accéder à mon indépendance, me donnait des
ailes. J’étais bien décidée à me faire engager le plus rapidement possible. Arrivée devant le lieu en question, je le contournais afin de rejoindre la porte arrière. Il m’avait informé qu’il me
suffirait de passer par l’entrée de service et d’expliquer la raison de ma présence pour voir le patron. Tout fonctionna comme prévu.
Une fois à l’intérieur, je m’assis sur un tabouret près du bar. On me ferait signe quand le chef serait prêt à me recevoir. Je
profitais de cette attente pour détailler un peu plus l’endroit. C’était une grande salle divisée en zones bien distinctes. Outre le bar, l’espace en comprenait un premier où s’alignaient tables
et chaises, un second identique auquel on accédait par d’étroites marches en bois avec des banquettes dans un coin, tournées vers le point névralgique qu’était le billard. Enfin, au fond, une
estrade servait de scène ouverte à tous les groupes rêvant de gloire. Bien que ce fût en plein milieu de la journée, l’endroit était sombre. Quelques plafonniers renvoyaient un éclairage blafard
sur les murs en pierres. Tout le reste était en bois.