Scènes d'une journée au paradis

Publié le 09 septembre 2009 par Anaïs Valente

C'est le paradis ou presque.

Un endroit gigantesque, dont une partie est dédiée à la faune et la flore sauvage, une autre... à la faune et la flore sauvage... mais humaine.

Le lac est gigantesque et le soleil radieux s'y reflète.  Rien ne semble bouger, pourtant oiseaux, grenouilles et insectes y vivent en permanence.  Le chemin de terre est aussi sec que mon gosier, que j'abreuve avec un peu d'eau fraîche.  La promenade n'est pas longue, moins de deux kilomètres, mais ces mêmes pas deux mille mètres permettent de découvrir tant de beautés.

Un jardin bio et/ou écolo propose quelques variétés connues ou moins : potirons déjà oranges, potimarrons abrités sous les branches, courgettes de toutes formes et couleurs.  De la mélisse aussi, qui me rappelle la potion magique anti-nausées de mon enfance, "l'eau de Mélisse des Carmes Boyer".  Plus loin, du basilic rouge.  Ah bon, ça existe, du basilic rouge ?  Je palpe, je hume, je goûte.  Succulent.  Meilleur encore que le vert.  L'an prochain, je mets ça sur ma terrasse.

Point de zébrés sur ma route, ce qui rend le bonheur encore plus intense.

Un point d'eau sur lequel volent des tas de libellules.  Surtout des petites rouges.  Mais aussi une grosse zébrée bleue et verte, comme dans Bernard et Bianca.  Elle vole si vite et change de direction si soudainement que je ne parviens à l'observer.  Comme si elle avait compris le message, elle vient se poster devant moi, durant quelques secondes, me permettant de détailler sa beauté.  Un pur moment d'extase. 

Soudain, un bruit.  Un croassement, dirait-on.  Le silence se fait.  J'écoute.  J'attends.  Un mouvement sous l'eau, puis sur l'eau.  Une grosse grenouille verte prend un bain.  Elle est immobile.  Puis bouge un peu.  Puis s'immobilise à nouveau. 

La nature.  Le bonheur.

Ensuite, le meilleur repas du monde : un croque monsieur plein de ketchup et un coca light mangé en terrasse en compagnie d'une guêpe (le bonheur n'est jamais parfait) qui me fait, dans un geste brusque pour me débarrasse de sa présence, tâcher mon pantalon d'une blancheur Dash de grosses gouttes de ketchup.

Petite sieste à l'ombre d'un arbre suivie de la rencontre de la faune et la flore humaine, bien moins captivante que celle du matin, vu que les sujets de discussion tournent autour des joints, de la prison et d'un dépucelage.  Passons.  Ne gâchons pas le bonheur.

Sieste donc, puis dernière promenade avant le retour.  Avec dégustation de mûres.  Tellement gorgées de soleil qu'elles en sont toutes chaudes.  Orgasme gustatif garanti.

Des moments comme ceux-là, le soleil, une grenouille, une libellule, du basilic, des mûres, c'est ce qui fait que la vie vaut la peine d'être vécue, non ?

(photo flickr)