L’été revient

J’ai préféré son quartier plutôt qu’un bar anonyme. Je n’ai pas peur de mes souvenirs, j’ai rangé cet été dans la case « bons souvenirs » et j’y ai collé un couvercle : à n’ouvrir qu’en cas de guérison.
Soyons honnêtes, je suis fébrile depuis le réveil. Ce sera ce soir l’échange de nos affaires oubliées. L’échange de bises, l’échange de bons sentiments. Je ne redoute rien. Je sais parfaitement le ton que prendra le bref échange et je n’attends rien de plus. Seulement voilà, elle me manque cette conne.
Le fait que ce puisse être la dernière fois, ajouté au fait qu’il va falloir faire bon effet me perturbe. Pourquoi la préserver après tout ? Ce serait un café stupide, un échange de sac rapide et puis plus rien. Balayée l’idée qu’elle puisse être la plus superlative de mes rencontres. C’était sans compter que briser un artiste engendre plus de pépites que de gravats.

Et ce fut banalement agréable. Conquis à nouveau par sa présence certes, mais sans désir aucun. Je fus surpris qu’elle accepte le restaurant, étonné que la conversation soit aussi animée, interloquée qu’elle parle de nous revoir.
Je suis rentré chez moi ce soir là avec le sentiment que tout allait mieux dans ma vie. Que même si rien n’avait changé, mon regard lui, avait retrouvé sa force et sa conviction. Et puis voila, j’ai décidé d’être heureux c’est bon pour la santé.