Le coup de chaud / xxix

Publié le 10 septembre 2009 par Lejournaldeneon


(ROMAN EN LIGNE)
LE COUP DE CHAUD
-29-
Un roman... et c'est évidemment Tony™ qui s'y recolle ! Sacré Tony ™ ! Un roman... ou une somme de lignes superposées au mouvement de l'air ambiant. Un de ces procédés écologiques pour dire la couleur verte qui lui coule dans les yeux au lieu d'une industrie lourde incapable de le distraire vraiment. Un roman... disons plutôt une correction à la volée d'un vieux manuscrit laissé pour compte par faute de temps, l'été 2003. Le coup de chaud... où ce qui arrive à force de prendre des douches froides au travers du cadre strict d'une météo de merde. Le coup de chaud ou une façon de décliner un paquet d'histoires anciennes, des engrenages, la mécanique rouillée des passions en retard. L'effort illuminé d'en découdre avec ses vieilles leçons de voyages, les malles défaites un peu partout dans le coeur de gens admirables et réconfortants. Le coup de chaud... comme on dirait : de La poésie, le cinéma... un tas d'emmerdements à la fin.
(PUBLICITÉ)
CHAPITRE 14
(SUITE 1)

LA NUIT DU VINGT AU VINGT-ET-UN JUILLET DIX-NEUF CENT SOIXANTE-NEUF ...
et l’exceptionnel sang-froid d’un homme qui réussit cette manœuvre d’alunissage au jugé dans la poussière sélénite, au lieu de son ordinateur de bord aux neurones encore balbutiants et complètement débordés.
Jules avait alors joint ses mains derrière sa nuque, dans un réflexe de satisfaction mêlé de cette suffisance pontifiante qu’ont quelques magisters à l’épilogue de leur exposé. L’agent du cadastre fixait dorénavant ce mur de pluie qui barrait par la fenêtre la couleur foncée de l’horizon, un rideau cramoisi dont j’eus je ne sais pourquoi l’idée d’estimer la distance à sa droite d’environ quatre à cinq mètres par un angle de 45° qui l’obligeait mon hôte à une franche contorsion de la tête, des épaules et aussi un peu des hanches. Croisée par-dessus sa jambe, la pointe de son pied droit dessinait un circuit endogène en ligne droite tirée du haut vers le bas puis en sens inverse sur un rythme de métronome assez flou. Une sorte d’étirement instinctif du membre le plus en avant, le plus exposé à la concurrence ; la réminiscence d’un réflexe de l’animal disposé au baroud, mais dans l’ordre d’une violence entièrement contenue par l’effet d’une grande part de civilisation. Un don ancestral pour la brutalité convertie en noble pantomime réputée de bonne manière et conduisant aussi quelquefois jusqu’à l’obséquiosité. Une attitude qui par ailleurs, n'interdisait nullement la disposition d’une certaine cruauté à l’égard de ses contradicteurs.
À vrai dire, j’avais d’abord été forcé de concéder d’une certaine forme de maestria avec laquelle le fonctionnaire d’état membre de la Direction Générale des Finances passionné de cinéma, d’horticulture et de poésie romaine avait réussi à me transporter dans la gamme surprenante de ses opinions philosophiques. Ce qui par ailleurs ne m’avançait pas beaucoup sur le point des gages que j’attendais du fils Chaumont, concernant le véritable sujet qui me préoccupait et pour lequel j’avais d’abord investi dans ce précieux rendez-vous. J’insistais donc, pressé par des heures dont je devinais qu’elles fileraient dans le vertige de notre enthousiasme respectif jusqu’à ce bronze sélénite à peine saturé dont chaque mur aurait à s’accommoder bientôt. Et comme les rayons de la lune font rêver celui qui doit rêver... Que cette mécanique d’une nuit noire qui accable, plie toujours à son avantage industriel les débris du jour et les copeaux de l’histoire passée : « Mais revenons si vous le voulez bien sur ces six heures et presque trente minutes. Six heures et vingt-et-une minutes exactement pendant lesquelles —à l’issue de cette première victoire américaine d’un engin piloté jusque sur la surface lunaire grâce à l’extraordinaire sang-froid de son commandant de bord— nul pu savoir jamais ce qu’il s’était réellement passé là-haut ? à mille milles de toute terre habitée ».
Jules inspira un grand coup. Je le vis prendre sa respiration dans une forme d’élan sportif comme un sprinteur s’apprête à exploser depuis des starting-blocks : « Mon père, je crois l’a suivie. Je veux dire que ma mère une fois descendue à l’heure que vous dites, mon père ne l’a plus lâchée d’une semelle et s’est forcément rendu compte de tout ce qu’il avait déjà dû deviner depuis longtemps. Pour autant, il faut que je vous avoue un détail en ce qui concerne le rythme cardiaque d’Amstrong... Une chose qui me tracasse depuis ce couplet athlétique de mon invention et dont je vous ai livré toute une part d’intelligence déviée tout à l’heure. » J’étais tout à fait excédé. Cette fois, Je fis tout mon possible pour ne plus laisser filer mon témoin dans ses broderies ; rassemblais toutes mes forces afin de ramener mon client sur le pas de la porte principale et de tout verrouiller à double tour avant de jeter les clés au puit. Jules, d’abord effrayé par cette subite détermination de ma part... me fit la promesse d’accéder à ma réquisition, mais seulement après qu’il m’aurait avoué ce « détail » qu’il jugea trop oppressant de garder pour lui plus longtemps. En sorte que je lui permis cet ultime répit comme la dernière faveur qu’on accorde au condamné. « Je suppose, reprit-il alors, que vous ne m’en voudrez pas d’apprendre que c’est une sorte d’impulsion qui m’a emporté tout à l’heure. » Jules avait dit ça comme on s’acquitte d’une prévarication honteuse, du pire des crimes de sang... « Cette expérience dont on parlait d’une course à pied qui eût dû nous révéler la supercherie d’un homme au cœur si rude à l’effort qu’il s’exprimât d’une voix claire et sans malaise visible, même au seuil de ses capacités anaérobiques.... » Je n’écoutais plus qu’à peine, arrivé au point où tout ce qui me semblât être étranger au but que je recherchais, constituât seulement le fruit perfide d’un appareillage toxique de dissimulation à l’attention d’une vérité que j’étais venu découvrir coûte que coûte. Jules continua pourtant dans son sillage, maintint son cap droit devant lui. « Donc, voilà ! Si vous vous souvenez, je vous ai parlé de ces calculs sur lesquels je m’étais basé pour déterminer ma réflexion à propos l’élément des battements de cœur de Neil Amstrong, et dont le rythme fut estimé aux alentours de 160 battements par minute au pire moment de la mission. (Ce moment où le propergol vint à manquer de telle sorte qu’il fût en théorie presque impossible à qui que ce soit alors précipité ces malheureuses conditions, de garder son flegme absolument intact). Une évaluation approximative de 160bpm... rapportée comme information sur un site Internet dont je n’ai en vérité jamais pu vérifier l’authenticité. Comprenez bien mon ânerie... Une simple ligne de code HTML déposée sur le site assez banal d’un webmaster entiché d’un de ces climats conspirationnistes dont vous évoquiez à l’instant encore, l’aspect farfelu. Tout est parti de là. Une simple source binaire ; le plus aléatoire des renseignements auquel je ne sais pourquoi, j’ai tenu à adhérer tout de suite ; comme ça, sans essayer d’y réfléchir d’avantages. Oui... je reconnais là que j’avais d’abord fait une vraie gaffe. C’est-à-dire que je m’étais d’abord promis d’obtenir une confirmation officielle à propos de cet indice capital, cet argument essentiel d’un cœur au sprint dans la cage thoracique d’un pilote confortablement assis dans l’apesanteur lunaire... et puis j’ai oublié. Plus tard, lorsque j’ai repris mes recherches à propos de cette nuit du mois de juillet 1969... je suis tombé un peu par hasard sur ce communiqué laconique en pages spéciales de la grande presse. Quelques lignes seulement où la NASA affirmait avoir perdu toute trace d’une quelconque mesure cardiaque, enregistrée à l’époque sur les électrocardiogrammes du centre de contrôle au sol. Imaginez !... Plus une donnée médicale, plus une preuve... Rien !
-Effectivement, c’est plutôt ballot !...
-Et attendez le meilleur... Cette même année 2006 (15/08/2006), l’agence spatiale américaine disait ne plus se souvenir non plus de l’endroit exact où le matériel filmé lors des missions Apollo avait été entreposé. Soit la bagatelle de dix à vingt milles bandes vidéos, larges d’un pouce, d’une durée quart d’heure chacune... « égarées(X) ». Les preuves, décisives... du plus grand voyage de l’histoire humaine... Avouez que la pilule est tout de même un peu difficile à avaler !
-X- Lors d’une conférence de presse organisée au mois d’août 2006, Grey Hautalama, porte-parole de la NASA déclarait alors aux journalistes restés un temps dubitatifs, que l’agence avait cherché les supports d’enregistrement pendant plusieurs mois sans succès : « On ne les a pas vus depuis un certain temps, répondait Hautalama. On a cherché plus d’un an, mais sans obtenir de résultat ». Plusieurs sources concordantes tentaient alors d’expliquer le chemin parcouru par le matériel depuis l’origine des missions. Des documents officiels prouvaient que les bandes avaient d’abord été stockées dans un département du Goddard Space Flight Center installé à Greenbelt dans le Maryland (un immense centre de recherche crée en 1959, et destiné à rassembler les meilleurs spécialistes dans le domaine spatial). À partir de 1970, toutes les boîtes avaient été déplacées et confiées aux archives nationales (NARA) à Washington. Enfin, en 1984, sans que l’on ne sache plus pourquoi, quelques 700 boîtes de transcriptions originales de vols spatiaux dont l’intégralité des 6 séquences d’atterrissages sur la lune (Apollo 11, 12, 14, 15, 16 et 17) sont retournées à Greenbelt dans les mains de l’agence spatiale américaine.
Encore un peu plus tard, en 2009 (lors de la commémoration des quarante ans du premier pas sur la lune...) la NASA s’était à nouveau flanquée d’un dernier communiqué de presse sur les sujet des archives concernant les misions spatiales habitées (16/07/2009). Cette fois, l’agence gouvernementale admettait avoir quelque peu retrouvé la mémoire quant à cette fâcheuse affaire d’une disparition des films originaux. Selon elle, le précieux matériel avait tout bonnement été « effacé et réutilisé »... Je n’en revenais pas ! Le film original, « authentique » de l’aventure humaine la plus folle du vingtième siècle... oui, « effacé » dans une logique d’économie de moyens, « écrasé » pour une réutilisation ultérieure. Qui pouvait croire un truc pareil ?!... Des données de première importance pour la recherche médicale, les enregistrements sonores du plus grands héro de tous les temps... Oui, toutes les preuves(X), historiques... soi-disant écrasées, pour faire des économies.
-X- Où l’on doit aussi comprendre que l’ensemble des images en circulation sur les différentes chaînes de télévision du monde, ou disponibles sur la multitude de sites Internet consacrés au sujet des voyages habités sur la lune (toutes les images et sans aucune exception...) sont en réalité issues d’enregistrements vidéo —pour majorité des archives CBS— réalisés à partir d’un matériel audiovisuel dupliqué et spécialement recodé pour permettre la retransmission en direct sur les standards des télévisions commerciales de l’époque. En clair, ces images du premier pas d’un homme sur la lune (cette vagues forme spectrale grisâtre en forme de document historique d’un premier homme marchant sur la lune...) ne sont pas les enregistrements du véritable signal vidéo noir et blanc (320 lignes en 500 KHz) envoyé depuis le vaisseau (ces mystérieux enregistrements originaux dont il est question depuis tout à l’heure et dont il est permis de penser qu’ils étaient d’une qualité incomparablement supérieurs à cette bouillie télévisuelle envoyée à près d’un milliard de téléspectateurs rivés devant leur poste !...) mais une simple copie de cette deuxième génération au standard (525 lignes numérisées à 30 images/seconde en 4,5 MHz)... seule et unique preuve disponible dorénavant pour imaginer répondre à toutes les questions posées.
En substance, auriez-vous alors cette immense gentillesse d’essayer de m’expliquer pourquoi ces véritables enregistrements d’un premier voyage de l’homme sur la lune, n’ont jamais fait l’objet d’aucune sorte de diffusion publique avant cette regrettable histoire de disparition. Car comprenez que je m’interroge sur le fait qu’on est pu délibérément laisser se répandre cette copie informe, ce contretype à peine tangible, et la projeter encore si longtemps après les faits... au lieu d’un programme « authentique » et dont la définition bien supérieure était alors connue de tous les responsables de la NASA.
(À SUIVRE)
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