Quand tu te sens seule, appelle ton ex.

J’étais seule à la maison, et si je devais donner une note à mon humeur, j’aurais dit 4/10.
Vendredi soir, 21h, à peine rentrée du boulot.
Rania est partie en week end à Rome avec son chéri qui a encore prétexté à sa femme que son voyage d’affaires commencerait vendredi pour un week end de négo.
Oui, oui... ils sont à Rome... Et je suis à Tunis, et mes angoisses me parlent. Elles hurlent dans mes oreilles.
Mon cousin vient de mourir. J’ai tout vu... le cadavre, la mort, le linceul, le cortège emportant le corps.
J’ai besoin de penser à autres choses, ces derniers jours ont été difficiles.
Je n’ai pas envie de passer ma nuit seule.
J’appelle Lyès (mon ami) :
« J’ai un plan cul si ça te dit ?! »
Je viens de rompre avec un mec, qui a servi à me faire oublier, mes démons... mon démon... mais je n’oublie pas.
J’ai décidé un jour d’arrêter de lui faire du mal, je l’ai poussé à rompre, il n’a même pas voulu. J’ai du l’abandonner, prétextant que j’en avais vraiment marre et que je ne l’aimais pas. Ce qui n’est pas faux puisque je ne l’aimais pas, mais il ne m’a jamais rien fait de mal.
J’ai surfé sur mon répertoire téléphonique histoire de trouver un/des compagnons de soirée.
Une série de
« non, pas envie »...
« Non, trop marié... »,
« Non, trop défoncé »...,
« Non, trop chiant », ...
« Non, trop guindé », ...
« Non, trop plan cul »...
« Non, trop mytho »...
« Non, trop de dégâts collatéraux »...
Finalement, le seul que j’ai zappé avec une grimace et sans dire non, c’était justement cet ex.
Il m’avait envoyé un sms l’autre jour... auquel je n’avais pas répondu. J’étais en Allemagne, et... je n’avais pas envie.
Le sms disait : « Mimi, tu me manques, je pense beaucoup à toi... c’est insupportable que tu ne sois plus dans ma vie »
Je décide de répondre et pas de manière neutre, il fallait que j’engage une discussion qui se finirait.... qui sait?
Je réponds : «Désolée, j’étais en voyage. Je peux rester dans ta vie et être une amie particulière. :) Tu vas bien ? »
La question à la fin, pour le forcer à répondre. Et ça ne tarde pas :
« Non, on ne peut pas dire ça. J’ai trop envie de te voir, on peut parler ? »
Ce moment était plus que délicat parce qu’il fallait que je réussisse à faire un plan avec lui, sans qu’il ne s’imagine que nous allons nous remettre.
« Il est préférable de ne plus parler de ce qui s’est passé mais entre amis on peut parler de plein de choses. Si tu as besoin de parler ? »
Il tarde à répondre, ... et il finit par appeler.
Il m’invite à discuter de tout et de rien, autour d’un verre.
Magnifique terrasse, face à la mer.
Il est tellement réglo, qu’il tourne autour du pot mais ne dit rien.
J’ai beaucoup d’affection pour ce garçon. Je le regarde souffrir et d’une part, jubile de l’emprise que je peux avoir sur lui et d’un autre côté j’ai de la peine pour lui.
Il a une lueur d’espoir, je le sais.
Il est jaloux de tout ce qui est resté dans ma vie après lui, je le vois dans son regard quand je parle de mes collègues de sexe masculin, de mes amis...
Il me demande si je veux rentrer. Je lui propose de faire un tour au centre ville de Tunis, je l’adore le soir quand elle brille de 1000 feux.
On s’arrête chez DeCarlo, pour prendre des croissants, et du coup je me sens obligée à l’inviter pour... prendre un café et des croissants, à la maison. C’est lui qui a payé les croissants.
Café, croissant, terrasse, étoiles, ... et ça c’est fini... comme ça ne devait pas se finir.
Comme un homme, je me réveille le lendemain, devant me pincer pour y croire, et ennuyée de devoir fournir des explications. Je laisse un mot « Tonne de courses à faire, claque la porte en sortant, on s’appelle ».
Je me sentais dégueulasse, même après la douche, surtout que deux voix s’affrontaient dans ma tête :
« Tu te dévergondes ma pauvre fille »
contre
« Il vaut mieux coucher avec lui qu’avec un inconnu, il oubliera »