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Publié le 10 septembre 2009 par Trinity

Le dérapage de Brice Hortefeux à l'université d'été de l'UMP

LEMONDE.FR | 10.09.09 | 17h02  •  Mis à jour le 10.09.09 | 18h57

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Sur cette vidéo que s'est procurée Le Monde, le ministre de l'intérieur, Brice Hortefeux, pose pour la photo en compagnie d'un jeune militant, samedi 5 septembre, lors de l'université d'été de l'UMP à Seignosse, dans les Landes. "Il ne correspond pas du tout au prototype", plaisante M. Hortefeux en référence à l'origine arabe du jeune homme, avant d'ajouter : "Il en faut toujours un. Quand il y en a un, ça va. C'est quand il y en a beaucoup qu'il y a des problèmes."

Le militant UMP qui apparaît sur cette vidéo, interrogé par Le Monde.fr, refuse d'y voir un dérapage et défend le ministre de l'intérieur : "Ça a été entièrement sorti du contexte. Mon secrétaire départemental blaguait avec le ministre parce qu'il parle auvergnat et c'est de là que c'est parti." Visiblement énervé d'apparaître ainsi sur ces images, il affirme : "C'est honteux. Je suis arabe mais il m'a tout à fait respecté, ce n'était pas du tout mal placé. Et je ne considère pas que c'est un dérapage."

Contacté par Le Monde.fr, le ministère de l'intérieur a fait parvenir un communiqué de presse qui "dénonce une vaine et ridicule tentative de polémique". Selon le texte, la phrase de Brice Hortefeux – "Quand il y en a un, ça va. C'est quand il y en a beaucoup qu'il y a des problèmes" – fait "référence aux très nombreux clichés qu'il venait de prendre avec la délégation auvergnate".

Le communiqué précise que "pas un seul mot de Brice Hortefeux ne fait référence à une origine ethnique supposée d'un jeune militant". Sur RTL, le ministre a également assuré qu'il ne faisait "aucune référence à une quelconque origine ethnique", mais parlait des Auvergnats. "Certains cherchent la polémique a tout prix", a-t-il ajouté.

LE PS DEMANDE LA DÉMISSION DU MINISTRE

Après avoir vu ces images, Patrick Lozès, président du Conseil représentatif des associations noires (CRAN) s'est dit "triste que des paroles de cette nature puissent être prononcées par un représentant du gouvernement français. Ce que j'ai vu ne m'a pas semblé être une plaisanterie. Ces paroles sont aux antipodes des valeurs qu'un ministre est censé représenter. D'autant qu'il vient de sanctionner un préfet taxé de racisme. Si ces propos ont bien été tenus, il faudra appliquer la même règle au ministre de l'intérieur." Le préfet Paul Girot de Langlade, soupçonné de propos racistes alors qu'il était l'objet d'un contrôle à l'aéroport de Roissy, a été mis à la retraite d'office mercredi, en conseil des ministres.

Benoît Hamon, porte-parole du PS, dénonce de son côté des propos qu'il juge "inqualifiables". "La question n'est même pas de savoir s'il faut ou pas qu'il démissionne du gouvernement, mais que fait-il encore au gouvernement à cette heure-ci ? Le président de la République doit le démettre immédiatement." Pour la porte-parole des Verts, Djamila Sonzogni, "on sait dorénavant ce que M. Hortefeux a dans le ventre et ça ne sent pas bon", ajoute-t-elle.

En janvier 2009, Brice Hortefeux avait plaisanté sur les origines de Fadela Amara, secrétaire d'Etat chargée de la politique de la ville, qu'il avait présentée comme "une compatriote" avant d'ajouter : "Comme ce n'est pas forcément évident, je le précise." L'intéressée avait défendu le ministre en assurant qu'elle n'y avait vu aucun "propos tendancieux".