Vingt minutes… Pourquoi ne pas leur dire de s’en griller une au bistrot du coin tant que j’y suis. Vingt minutes c’est beaucoup trop pour jeter un œil dans cette petite église du quartier latin. Je les entends descendre dans le petit escalier qui relie le clocher à la nef.
Ils rient. Peut-être pas de moi, peut-être de la situation : le prêtre de cette église miteuse qui tombe nez à nez avec le cadavre, allongé face contre terre, abattu d’une balle dans la nuque. Il a appelé le commissariat et a attendu deux heures avant que les bleus daignent se déplacer. Moi je ne suis arrivée sur les lieux que deux autres heures plus tard, après les scientifiques. Maintenant, le cadavre est certainement froid, les premiers indices évaporés et la rigidité cadavérique n’est plus d’aucune utilité. C’est mon premier jour et il pleut.
Les scientifiques ont plutôt l’air de discuter au balcon que de prendre des photos. ‘Hé ! Les scientifiques ! Vous avez finis ?’
Ils ont fini. ‘Venez retourner ce gars là, qu’on voit à quoi il ressemble.’
‘Nous on touche rien vous savez. C’est aux agents de manipuler la scène de crime.’
Oh merde, ils ont raison. Et le deux autres bleus ne reviendront pas avant vingt minutes… et encore, ils doivent être en train de chercher une boulangerie autour de l’église.
‘Désolé pour vos petites mains blanches les gars. Retournez-moi le bonhomme !’
Bien joué, encore une fois. J’avais réussi à ne pas me mettre les scientifiques à dos mais maintenant je passe pour la débutante autoritaire devant toute l’équipe. En tout cas ils s’activent : on va enfin savoir ce que cache cette nuque brûlée sous l’impact du tir à bout portant.
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