Devant l'improbabilité de ma, je n'ose
prononcer le mot, présence, car j'ai la forte impression que ce vocable
est inadapté en ce non-lieu ici présent.
Non-lieu ? Je suis donc libre, contrairement a un lieu où l'on est prisonnier.
Prisonnier de la terre par exemple, car la terre est ronde et en faire
le tour revient à n'aller nulle part puisque le propre de tourner en
rond est de revenir inlassablement sur ses pas d'où la lassitude de
tourner en rond contrairement au rien dans lequel je suis et dans
lequel il ne peut y avoir lassitude car pas de sens, ni de distance, ni
de temps.
Et j'y arrivais parfaitement, cet endroit était fait pour que l'on n'y respire pas, normal puisque le temps n'existait pas ici, peut importe que je respire toute les vingt secondes ou bien tous les vingt ans, c'était du pareil au même.
Je tournais en rond, façon de parler encore une fois, car pour tourner il faut définir préalablement un sens, et de sens il n'y avait point ici, dans tout les sens du terme si tant est qu'un terme puisse avoir un sens lui indiquant comment tourner en rond.
J'étais pris dans une forme d'incongruité temporelle de l'espace temps.
Je n'avais plus le temps de penser à mon improbable destination pour sortir de cette incongruité-là puisqu'il n'y avait plus de temps. En fait, j'étais bel et bien coincé pour l'éternité.
Ne sachant que faire je me mis à ne rien faire. Je ne fis tellement rien pendant tellement de millénaires, qu'un jour le monde des dieux et le monde des humains se touchèrent attirés par une curiosité réciproque.
Ces deux mondes eurent l'idée de se croiser exactement en mon milieu longitudinal ce qui ne manqua pas de me transformer.
C'est depuis ce jour que je devins un dem???i-dieu et que je pus m'échapper de ce rien qui m'avait capturé, mais ne le dites pas à ma mère elle n'est pas au courant.