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Esclave

Publié le 11 septembre 2009 par Bricolodifolco
  • " Salut, tu vas bien ? Tu sais, il y a trois jours, j'étais là avec les types avec qui je bosse, on prenait le café dans le bureau et puis moi j'leur demande tout à coup : Combien vous mettriez pour avoir un esclave ?"
  • - Tu as sorti ça d'où ?

    - De ma tête, voilà, j'aime bien lancer des débats...

    - Ils ont répondu quoi tes collègues ?

    - C'est pas des "collègues", plutôt des types avec qui je bosse, des fournisseurs, tu vois le genre...

    - Ok. Bon. Et après ?

    - Le truc c'est qu'ils ont pas voulu répondre tout de suite, la question elle fait chier tu vois... Mais y'en a un qui a essayé de comprendre... Il a demandé des précisions du genre combien d'argent, c'est ça ? ; puis un autre a dit un esclave pour faire quoi, tout, le café, les courses, tout ?...

    - Ils pensaient aux femmes...

    - Pas vraiment. Je relance le truc en disant : Tout, ça veut dire tout. Un esclave comme autrefois. Tu payes combien pour disposer d'un être humain qui ferait tout à volonté ?

    - Ils ont du se marrer.

    - Pas du tout. Ils étaient muets. Le lendemain, j'ai reposé la question. Dans leurs têtes, le truc avait fait son chemin. Et là, tu sais quoi ?

    - Ils t'ont balancé une somme ridicule, genre le smic...

    - Bien pire ! Le chiffre, ça compte pas. Ce qui compte c'est qu'ils aient vraiment réfléchi à cette question. C'est ça qui m'a tué. Ils ont pensé à la morale, et puis à comment la dépasser, comment s'arranger avec ça, ils ont dit que ce serait pas si mal d'avoir un esclave en fin de compte, qu'ils y avaient jamais pensé, ouais, du style pourquoi pas, super, ras le bol de se coltiner les merdes. Tu comprends, moi j'aime bien poser ce genre de question à des types qui trouvent normal de facturer (j'ai rien contre) six fois le prix de base à un client pour une pauvre merde, et tout à coup leur demander ça. Ils ont peur de rien. Ils assument. Ouais, ça me tue, ça me tue que les types y ai seulement réfléchi, sans vraiment trouver les mots ni les arguments, juste ça : qu'ils puissent me dire 24 heures plus tard, que ça serait bien finalement un esclave.

    - C'est super déprimant.

    - Nan, je trouve ça super drôle, au contraire !

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