Magazine Humeur
Nantes 4 Fin de campagne
Publié le 11 septembre 2009 par Didier T.Une fois l’épisode des rumeurs calomnieuses passé, la campagne électorale pris son allure normale, réunion, meetings, affichage, rencontres musclées avec les nervis de l’UNI et du RPR, distributions de tracts et rédaction d’un journal de campagne où l’humour grinçant le disputait au sérieux des engagements. Pour tout dire, cette dernière partie de campagne ronronnait et perdait de son intensité dramatique à mesure que se rapprochait le jour du scrutin.
Quand, tout à coup, du siège du PS à Paris, m’arriva une nouvelle surprenante.
A cette époque Chirac et Giscard d’Estaing se tiraient la bourre et le nouveau maire de Paris souhaitait utiliser ces législatives pour faire comprendre au Président d’alors qu’il serait dorénavant incontournable et omniprésent. Bien avant Sarkozy, il avait mesuré l’impact d’une présence télévisuelle assurée hors champ politique.
Or, la veille du scrutin, devait se tenir à Cardiff un match du Tournoi des cinq nations qui opposait l’équipe de France à celle du Pays de Galles. La Fédération des Elus Socialistes m’informait que selon des indiscrétions émanant du cabinet de Chirac, ce dernier faisait des pieds et des mains pour être invité par la mairie de Cardiff à l’occasion de ce match, sachant qu’il y serait filmé comme Le supporter numéro 1 des Français.
La Fédération demandait au Maire de Nantes d’intervenir auprès de la mairie de Cardiff afin échouer cette opération chiraquienne, la ville de Nantes étant jumelée avec celle de Cardiff.
Ayant contacté mon alter-ego à Cardiff, celui-ci me confirma qu’une délégation de quarante personnes avec Chirac à sa tête avait demandé à être reçue officiellement à l’occasion de la rencontre sportive….et que Cardiff n’avait pas encore répondu car l’ampleur de la délégation leur posait problème et que celle-ci risquait d‘entraîner sa ville dans un débat où s‘opposait un ancien Premier Ministre et le Président de la République en fonction.
En cinq minutes, nous nous mettions d’accord : En termes choisis, il serait répondu à la demande chiraquienne que prévenu trop tard, Cardiff ne pouvait recevoir une telle délégation et ce d’autant plus qu’une autre délégation venue de Nantes, ville jumelée de longue date, avait déjà été invitée.
Nous étions le vendredi matin, le match avait lieu le samedi après-midi à l’Arms Park et le dimanche avait lieu les élections législatives…
Ayant réglé le scénario, il ne me restait plus qu’à trouver les moyens de nous rendre à Cardiff, sans que financièrement, on puisse reprocher au Maire d’avoir puisé dans les caisses municipales pour monter une opération politique. Pas si simple !
La seule possibilité d’accéder à Cardiff ce jour là précisément c’était, soit un trop long voyage en voiture, soit trouver un avion privé qui nous y emmènerait le samedi matin et nous ramènerait le soir….
Vieux golfeur devant l’éternel, je fréquentais quelques relations cossues et parmi elles, un jeune chef d’entreprise, juif pratiquant, ayant comme moi pratiqué le rugby, qui ne serait pas fâché d’occuper son Sabbat en assistant à un match décisif si l’occasion lui en était donnée.
Nous tombions rapidement d’accord. Il disposerait d’une place en tribune d’honneur, ferait partie de la « délégation » nantaise et donc reçu avec tous les honneurs en Mairie de Cardiff, assisterait au déjeuner officiel et…. prendrait à sa charge la location d’un avion pouvant transporter dix personnes au maximum.
Partis peu après 9 heures, se posa vers 11 heures à Cardiff, où trois voitures officielles dont la Rolls d’apparat de la Lord Maire nous conduisirent directement, drapeaux français et gallois au vent vers la Mairie. La Lord-Mayor, car c’était une femme n’avait qu’une fonction de représentation et elle s’y employait très bien. Après un court apéritif accompagnant les présentations, nous rejoignions le splendide Château de Cardiff où dans le salon d’honneur, était servi un déjeuner auquel participait l’ancien Premier Ministre Edward Heath.
Malgré un protocole assez lourd, la table était conviviale et lorsque Alain commença à raconter ses fredaines et combien la chair était faible lors de sa première visite en Grande Bretagne , je vis Edward Heath s’extraire lentement de sa torpeur d’une fin de repas bien arrosé et regarder d’un oeil intéressé l’assistance qui s’esclaffait.
Finalement, l’équipe de France fut battue 16 à 7 au cours d’un match haché et peu enthousiasmant, alors que le lendemain Alain Chénard sortait vainqueur de l’élection législative tout en essuyant les critiques de ses amis qui ne comprenaient pas qu’il ait pu abandonner sa campagne la veille du scrutin. Publié par les diablotintines - Une Fille - Mika - Zal - uusulu