Art Of Ethiopia ’09
Addis Abeba, Hôtel Sheraton, 3-6 septembre 2009
Le prestigieux ballroom du Sheraton d’Addis Abeba a accueilli du 3 au 6 septembre 2009 l’une des plus importantes expositions collectives jamais organisées en Ethiopie. Après une édition 2008 plus modeste (8 artistes, 87 oeuvres), les organisateurs ont décidé en effet de présenter plus de 200 oeuvres, peintures et sculptures, réalisées par plus de 30 artistes, parmi lesquels le Très Honorable Lauréat Mondial Maître Artiste Afewerk Tekle (né en 1932), considéré comme l’un des pères fondateurs de l’art moderne éthiopien, et deux générations plus loin, la jeune créatrice Kerima Ahmed (née en 1977), de retour d’une exposition à Dubaï .
Quelques artistes du AOE’09 ©Sub Saharan Informer
(de gauche à droite: D.Demissie, K. Ahmed, G.Kebede, Y.Lule, M.Lulu, L.Retta, W.Bezu / en bas: T.Gezahegn, D.Abebe)
Un événement transgénérationnel donc, patronné par l’un des grands noms de la peinture éthiopienne contemporaine (Lulseged Retta), qui offrait aux visiteurs un véritable condensé de l’histoire de l’art éthiopien des 50 dernières années, ….et l’édition (rarissime) d’un catalogue de luxe à 250 birrs/pièce que les aficionados se sont arrachés, convaincus comme moi, d’acquérir un futur “collector’”.
Evidemment sélectif, cette «group exhibition» aux allures de show room sponsorisé par la Luxury Collection a fait l’impasse sur tous les pinceaux du courant revival de l’iconographie traditionnelle, ce que les spécialistes et amateurs de l’art éthiopien classique pourraient sans doute déplorer. Mais l’on conçoit néanmoins que le choix du commissaire se soit porté sur la modernité, la contemporanéité voire même les futurismes et les abstractions qui semblent dominer de plus en plus la création actuelle et témoignent de la vivacité de la quête artistique dans ce pays (cf. l’exposition “Pin Code” de Dawit Abebe à l’AEF, juillet 2009). Car il y avait en effet dans cette exposition une volonté manifeste de mettre en évidence les liens et relations, les zones de concordance «éthiopianistes» entre l’art éthiopien d’aujourd’hui et les tendances symbolistes des années 80-90, représentées notamment par Zerihun Yetmgeta et Worku Goshu, les esthétiques quasi-surréalistes de Desta Hagos et Yohannès Gedamu, ou encore le courant figuratif contemporain, représenté par Tadesse Mesfin, Adourahman M. Sherif ou encore Getahun Assefa. C’est un peu comme si l’on cherchait à démontrer l’appartenance à une matrice commune.
Installation de Dawit Abebe, Exposition “Pin Code”, juin-juill.2009, Alliance Ethi-Française, Addis Abeba (©IciPalabre)
Mais au-delà de cet aspect fédérateur, AOE ’09 aura attesté de l’extraordinaire diversité de la création éthiopienne contemporaine dévoilant au grand public les talents encore méconnus de Dereje Demissie, Dawit Abebe, Eskinder «Alex» Maffi ou encore de Tamrat Gezahegne.
Oeuvres de Tamrat Gezahegne ©
Notons que ce dernier s’invite à Paris dans quelques jours pour une exposition exclusive jusqu’au 31 octobre (Vernissage de l’exposition Tamrat Gezahegne « Ramdam » / mardi 15 septembre, à partir de 19h00 / au Vieux Léon 18, rue de la Grande-Truanderie, 75001 Paris (M° Étienne Marcel) .En savoir plus: Les nouvelles d’Addis