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Géométrie d’un rêve; 5ème hypothèse

Publié le 12 septembre 2009 par Sophielucide

Page 127 «  En même temps que je corrige mon Drones, écœuré par une plage de coquilles où batifolent mes tics d’écriture, je feuillette la Veille ou demain du cher Vaugenet, plutôt affligé par le peu de fond de ses chroniques.  Quand un collègue publie des souvenirs, on risque bien souvent de manquer le passage qui vous concerne, gaffe assurée le jour où il s’en inquiètera à demi –mot. Je tombe in extremis sur ces lignes à la page 87 : «  La Verseuse du matin où on découvre cette anacoluthe qui m’a tout l’air d’un solécisme (…) » Et plus loin, page 112 : «  Cet encyclopédiste nébuleux venu s’établir en Armorique comme un choucas des tropiques. » Le ton me semblerait un tantinet insolent si j’avais le cœur à m’offenser ; voilà belle lurette que toute arrogance d’auteur m’a quitté et je laisse sans rancune Vauganet à son inanité d’homme de lettres. Il y a aussi ces mots, qui, c’est à craindre, me visent personnellement à l’avant dernière page : «  Je ne suis pas de ces auteurs qui cachent  l’essentiel de leur biographie pour ne pas faire d’ombre à leur réputation d’affabulateur professionnel. »  Une question me démange toutefois après la lecture : irai-je dîner dimanche prochain chez Vauganet ? »

Je n’ai, pour ma part, pas encore acquis cette sagesse d’un auteur que j’admire. J’avais parlé de H.Haddad à maintes reprises sur un forum d’écriture en ligne où j’écrivais. Les deux tomes du Nouveau Magasin d’Ecriture représentaient une mine pour les auteurs en  herbe que nous représentions ; quant à l’Univers, il nous avait servi à rédiger un début de dictionnaire où nous déclinions à notre tour quelques  mots choisis dans le livre de référence.  Sur ce blog où je me suis depuis retranchée, suite à quelques incartades puériles, je continuais d’être lue, mais de manière anonyme. Les commentaires se faisaient rares, on préférait m’envoyer de petits messages personnels sur ma messagerie. Celui que j’ai reçu hier m’a étonnée, affligée même :

« Haddad, encore… Quelle obstination. Je suis consterné. La 4ème hypothèse, c’est qu’il se fout de tout. Et c’est probablement la bonne. Il écrit bien, certes, comme beaucoup d’autres. Rien de VRAIMENT original, si je peux me permettre un jugement à l’emporte-pièce. Ni Stendhal ni Maupassant. Ni Vian ni Queneau non plus De là à en attendre quelque chose, sous prétexte qu’il est contemporain, il y a un pas de géant à franchir. Les écrivains sont comme tout le monde, des salauds ordinaires. »

Si jusqu’ici j’ai toujours assumé assez crânement cette réputation un brin sulfureuse que j’avais bâtie autour de mes écrits,  j’avais essuyé sous prétexte de ma propre arrogance plus d’apartés sur ma petite personne que sur ma production. C’est une des raisons qui m’avaient conduite à écrire seule à nouveau.  Ainsi, cet essai que j’écrivais un peu pour me distraire d’une certaine difficulté à boucler  Un homme affable , non seulement ne passait pas mais suscitait un énième malentendu concernant mes motivations d’écriture. Ce type lourdingue qui n’avait jamais ouvert un livre de mon auteur préféré me prêtait d’étranges inclinations pour le moins grotesques pour ne pas dire malsaines.  Nul besoin de pas de géant pour lui botter le cul, à lui et tous ceux qui liront dans cet essai, une forme de racolage.  Se considérer soi-même comme « salaud ordinaire » suffit-il à s’arroger le statut d’écrivain ?

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