"Tailler une prière au rustique"

Certains dimanche, c'est ravissement. Nancy n'a pas battu Toulouse, c'est pas grave : il fait soleil et je reçois dans ma boite mail la lettre électronique de Remue.net. Un site de création littéraire qui sort des sentiers battus. Forcément, la lettre est joliment troussée. Donne envie de cliquer. Et, de clic en clic, fait balade dans un univers où les mots sont salade de fruits.
En ce dimanche 13 septembre, ô joie bonheur, cerise sur le dico, voilà que ma petite préférée est de sortie. Je dis petite mais j'en sais rien du tout. Shoshana Rappaport-Jaccottet, c'est d'elle dont il s'agit, publie pour le coup trois(nouveaux) écrits courts, comme toujours de la pépite en barre. Même si on ne capte pas tout. Quelle importance ? J'aime beaucoup cette écriture, style devenue, à force de n'appartenir qu'à elle. Un extrait ? Faut le sortir, ça, de soi n'est-ce pas ? :
(...) Le matin d’après, doit-on rire, jubiler confuse rougissante, la main posée sur les hanches ? Ritournelle chantée, versant la nuit entière des larmes d’attendrissement et de douleur. Tailler une prière au rustique, costard, frise, — pièce instigatrice histoire de la débrutaliser, elle. Moraves, assassins désaccords, musicales embrassades prématurées, — une treille chargée de grains les secrètes mortifications intérieures, jeûnes jubilatoires et non affranchissants, manches raccourcies à mi-bras. (...)
La balade, bien sûr, ne s'arrête pas là. Les cauchemars du Jecko en est une preuve. Ce Portrait du père en travers du temps une autre. Et que dire de La descente au paradis ou la course contre la monde ? Et aussi « Nous avons été le lieu de notre propre occasion. » .
Bon voyage.