Le 13 septembre 1928 naît à Bruxelles, d’un père grec et d’une mère française, Agnès Varda.
LA POINTE COURTE
Agnès Varda passe toutes ses années d'enfance à Sète (Hérault). Formée à l’École des arts décoratifs de Paris, Agnès Varda fait ses débuts dans le monde artistique comme photographe. Son nom est alors associé au TNP de Jean Vilar, dont elle est la photographe officielle pour l'agence Enguerand. Troquant son appareil photo contre une caméra, elle s’affirme, dès son premier film, La Pointe courte (moyen métrage, 1954; montage d'Alain Resnais), comme une réalisatrice originale et inclassable. Qui choisit un style délibérément littéraire, bouleversant les règles et les attentes du cinéma commercial. Mal compris par les distributeurs, le film La Pointe courte - dans lequel jouent Philippe Noiret et Silvia Monfort - se solde par un échec financier. Loin de se décourager, Agnès Varda se lance dans la réalisation de trois courts métrages à l’humour décapant : Ô saisons, ô châteaux (1957), Opéra-mouffe et Du côté de la côte (1958) et crée sa propre société de production (Ciné-Tamaris).
CLÉO DE 5 À 7
La cinéaste entreprend ensuite la réalisation de son premier long métrage, Cléo de 5 à 7 (1961). Récit intimiste conçu comme une réponse au Lola de Jacques Demy, son mari (rencontré en décembre 1958 au Festival de Tours). L’intérêt de ce film (Prix Méliès) ne tient pas tant au sujet lui-même - deux heures de la vie d’une jeune femme dans l’attente d’un diagnostic médical - qu'à la fantaisie et à la liberté de la mise en scène (filmée en temps réel), portée par la complicité d’Agnès Varda avec l’actrice Corinne Marchand, sur une musique de Michel Legrand.
Viennent ensuite deux autres films : Le Bonheur (1964), avec Marie-France Boyer et Jean-Claude Drouot et Les Créatures (1966), avec Catherine Deneuve et Michel Piccoli. Loin du Viêt Nam (1967) est suivi d’un documentaire intitulé Black Panthers (1968) et de Lion's Love (1969).
RUE DAGUERRE
Après une éclipse de quelques années, Agnès Varda réalise Daguerréotypes (1975), reportage sur les habitants de la rue Daguerre, où elle vit depuis le début des années 1950. L’une chante, l’autre pas (1976) - avec Thérèse Liotard et Valérie Mairesse - est un film anti-sexiste sur la condition féminine et les revendications des femmes. Murs-murs (1980) et Documenteur (1980-1981), deux films quasi autobiographiques, sont inspirés par les Murals de Los Angeles, où Agnès Varda a séjourné à deux reprises.
SANS TOIT NI LOI
Dans Sans toit ni loi (Vagabond, 1985; un film dédié à Nathalie Sarraute), Lion d’or du festival de Venise, Agnès Varda reprend ses thèmes favoris de l’errance et de la marginalité. Sandrine Bonnaire incarne avec une perfection naturelle, le rôle (César de la meilleure actrice 1986) de la zonarde paumée qui meurt de froid dans un fossé, victime d’une société en rupture d’espoir. Avec Kung Fu Master ! (1987) et Jane B. par Agnès V. (1988; un périple cinématographique d'environ quatorze mois aux côtés de Jane Birkin), Agnès Varda continue de filmer les amis de la rue Daguerre : Jane Birkin, mais aussi Alain Souchon, Charlotte Gainsbourg, Mathieu Demy (son fils) et Philippe Léotard... Jacquot de Nantes (1990-1991) est un hommage à Jacques Demy, disparu au cours du tournage de ce film.
LA CINÉCRITURE ET LE FILM-ESSAI
En droite ligne du « cinéma-langage » d’Alexandre Astruc et de sa « caméra-stylo », Agnès Varda est l'inventrice de « la cinécriture ». Qu'elle a toujours revendiquée. Une écriture cinématographique directe, qui s’appuie sur les mouvements de caméra et le jeu des acteurs. Une écriture aussi en prise directe sur son époque, dans la filiation de Chris Marker, comme l'atteste son « film-essai » (filmé en caméra numérique) Les Glaneurs et la glaneuse (2000), et sa suite Deux ans après.
Figure à la fois emblématique et marginale de la « Nouvelle Vague », Agnès Varda est aussi une pionnière du cinéma féminin français. Aux côtés de Nelly Kaplan (La Fiancée du pirate, 1969) et de Yannick Bellon (L’Amour violé, 1977).
Angèle Paoli
D.R. Texte angèlepaoli
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