(Ré)vocation

Publié le 13 septembre 2009 par Csp
Enfin.
Ça y est.
Il aura fallu attendre 36 ans, mais j'ai eu la révélation de ce que je voulais faire dans la vie.
Grâce à Gilles Cohen-Solal, je sais que je veux être éditeur.
Il y a eu un détour quand même. Ce matin, j'ai reçu la réponse d'Olivier Benitenot à ma demande d'être kapo à to lose à la place de Myriam Martin...
Bah c'est non.
Editeur, donc, vu que j'ai pas davantage réussi à être puéricultrice.
Ah oui, c'est vrai, je ne vous ai pas raconté...
Lors de la "formation" professionnelle, ils se sont aperçus que je n'étais pas tout à fait une femme. Hors, (remarquez ma confusion entre la conjonction de coordination « or » et la préposition « hors »), pour être puéricultrice, faut être une meuf, une vraie. J'avais un doigt de trop. Et même petit, il était en trop.
Comment s'en sont-ils aperçus ? Connement. Oh, ce n'est pas l'habit qui m'a donné. Grâce aux accessoires de Butch, qu'il utilise copieusement lors de nos aventures noctures, j'avais réussi à me façonner une autre moi assez convaincante.
... C'est en pissant que j'ai révélé ma vraie nature. Debout. Chez les mecs.
Il y a eu un petit moment de trouble, et le personnel m'a fort civilement reconduit or des ... pardon, hors des locaux.
Donc éditeur. Et ce d'autant plus que je me suis tout émoustillé en regardant cette vidéo pendant le temps libre que j'ai en excès.
Vous m'objecterez que je n'y connais absolument rien, ne sachant pas vraiment écrire et à peine mieux lire. Et vous aurez raison. Mais j'ai à présent la certitude que ça n'a aucune importance dans la société communiste que je veux imposer via mon National Partei Antikapitalistische (NPA).
Je veux donc être éditeur. De livres. Peu importe lesquels, d'ailleurs, on s'en branle, les livres en tant que tels et leur contenu, à l'évidence tout le monde s'en bat les couilles avec enthousiasme dans ce milieu. De toutes façons, plus personne ne lit rien et les gens sont des cons. Oué, je sens que ça vient, là. Le personnage s'installe. Je suis fait pour ça. J'ai toujours été fait pour ça.
Je veux être Gilles Cohen-Solal.
Non.
Je veux, je PEUX être Gilles Cohen-Solal en encore pire.
Et je sais que vous ne me sous-estimez pas. Eh oui : je peux faire encore pire que lui. Je me connais, et je sais de quoi je suis capable. J'en ai sous le pied.
Suffit de me lire. Un vrai torrent.
Moi aussi, j'ai une capacité de grossièreté absolument hors du commun. Demandez à mes voisins. Moi aussi je suis capable de sortir des horreurs sans nom sur le dos des immigrés et des pauvres. Moi aussi, je suis un crocodile : des tous petits bras et une gueule grande comme ça, et j'ai conscience que la vie en société c'est jouer un rôle en permanence, sachant qu'il vaut mieux être un épouvantable connard communiste et inculte que tout le monde prendra plaisir à moquer qu'un homme intelligent, cultivé et drôle que tout le monde, biberonné au socialisme niveleur, jalousera et enviera.
Moi aussi je suis capable de regarder un enfant droit dans les yeux en lui murmurant des salacités dont je sais que ça va le traumatiser. Moi aussi je suis capable de draguer des bébés en Kindergarten avec des sous-entendus graveleux qui les feront pleurer en les faisant regretter d'être nés. Moi aussi je suis capable d'adopter avec les enfants ce mélange d'obscénité libidineuse et de coups de dards juteux, de doser chantage et intimidation en jouant sur les hontes pour parvenir à mes fins.
Je suis définitivement fait pour ce boulot : éditeur pornographique pour enfants. Oué. A la fois novateur (je serai certainement le premier) et tout à fait progressiste, comme j'aime.
Je suis même certain de mieux m'en sortir que GCS, qui déjà a commis la boulette d'accepter que Strip-Tease fasse une émission sur lui. Je n'aime pas Strip-tease. Tu suis n'importe qui avec une caméra H24 sur plusieurs jours, tu te retrouves avec des centaines d'heures de rushes, et tu en tries 40 minutes selon ce que tu as envie de montrer de la personne. Tu prends Thierry M., tu sélectionnes les moments où il apparaît tel qu'en lui-même, tu en fais quelqu'un d'affreux. De ce point de vue, Strip-Tease n'est pas plus dangereux et délicat pour ma réputation que n'importe quel reportage objectif (ce qui est rare en France), sauf qu'en plus il y a la caution "réaliste" qui donne le cachet du vrai vécu de la vraie vie des vrais gens que le lecteur de Télérama prend pour de l'authenticité. Bref, moi, à sa place, j'aurais dit non. Bon, le mal est fait, et tout le monde lui tombe dessus. Sauf que.
Toutes les personnes que je connais et qui soit bossent dans l'édition soit ont rencontré des éditeurs sont toutes d'accord sur un point : GCS est un enfant de choeur pétri d'amour de son prochain à côté de certains autres. Il y a pire, bien pire, incomparablement pire. Ce milieu est un marécage sans nom à faire l'omerta sur un livre révélant que le communisme a fait cent (oui, 100) millions de morts. D'une façon générale, tout ce qui traîne autour de la Kültür subventionnée dans sa version germanopratine est un cloaque de gauchos à la courte queue qui ne parle que d'histoires de cul pour mieux oublier qu'ils n'en ont pas. Tout le monde s'y déteste et s'y poignarde avec enthousiasme, et la parisianisme le plus vulgaire s'étale avec complaisance et boursouflure. Et dans ce genre de coterie, il ne faut jamais baisser sa garde...
Au lieu de jouer profil bas, GCS aurait dû violemment contre-attaquer. CSP attitude : on m'attaque, je geins encore plus fort en me rendant ridicule aux yeux des autres. Je donne des interviews dans tous les petits blogs possibles - i.e. ceux qui daignent s'adresser à moi, hein - en dénonçant "l'hypocrisie" du milieu, en me faisant passer pour une victime, en hurlant que moi au moins je suis franc du collier, que je ne mâche pas mes mots et que ça "dérange", je joue à fond le rôle du type injustement accusé, je rêve de passer chez Ruquier avec une nuque toute bien dégagée et j'engueule Zemmour et Naulleau, je deviens pédé avec Luchini, je drague ouvertement Laurent Ruquier à côté de lui, j'en rajoute dans l'ignorance crasse en mettant les incultes du public de mon côté, je deviens pathétique et pitoyable à force de jérémiades, et si je suis en forme, je laisse sous-entendre que derrière cette comédie se cache un pauvre type raté et blessé qui d'abord, fait ça pour ce qu'il veut vraiment : qu'on l'aime enfin. C'est à dire, au fond, ce que veulent les téléspectateurs...
Non, je vous dis : je suis fait pour ça.
J'écris immédiatement une lettre de motivation.
Oui oui.
Encore une.
Inépuisable.

Et puis au chômedu, hein, aussi.
Je vais l'envoyer aux éditions Jean-Paul Bayol, à Alès. Embauchez-moi. Vous ne le regretterez pas. Mon ridicule sera inénarrable.