Vendredi 19h15 …Rame RER
Quelques éclaircies déchirent le ciel encore noirci par des nuages de pluie de la journée. C'est le week end!
Je m'installe et j'ouvre un bon bouquin. Quelques minutes de roulis plus tard, une voix claque froidement dans le wagon.
Prochain arrêt Maison-Alfort
La voix féminine est claire, trop claire, haute, trop haute, dure, froide, glacée, d'inspiration métallique.
Qui est cette fille? Une hôtesse de train, de quai, une conductrice aux cordes vocales artificielles?
Mesdames Messieurs, ce train a pour destination Melun Quincy…
Une fille de synthèse, un robot minute?
On dirait qu'elle dit Kassi. Elle me fait froid dans le dos…
Il servira toutes les gares du parcours.
Le naturel de la voix n'était plus qu'un souvenir, notre époque révolue, une nouvelle ère envahissait notre monde…
David Vincent nous avaient prévenus… les envahisseurs sont là! Il s'est trompé sur une seule chose, le danger ne venait pas de l'extérieur mais de l'intérieur.
Comme j'aimerais entendre une voix humaine, calme ou forte, enjouée ou mélancolique, brutale ou douce, motivée ou motivante, souriante ou renfrognée… vibrante d'intonations mélodieuses, d'hésitations touchantes, de tremblements légers…
Une vraie voix.
Comme j'aimerais entendre toutes les voix humaines, écouter cette diversité extraordinaire.
Qui a cloué le bec à nos conducteurs et conductrices? Aucun ne nous parleront plus, ils seront coupés de leurs voyageurs, zéro contact!
Suppression de la voix humaine, quelle sera la prochaine étape? Disparition des conducteurs? Plus de grèves, plus d'"otages"… plus de boulot?
Où va-t-on? Où nous mène donc ce train à ce train d'enfer?